Yannis Ritsos / Γιάννης Ρίτσος (1909- 1990) : « Maisons blanches... »
Maisons blanches, toutes blanches,
les tuiles abricot,
les volets bleus,
les chevaux cannelle dans la cour,
les blancs dans le champ vert
les balcons d’or et la mer.
Les mules sur la pente dans les pierres
et les petits ânes dans les épines,
nattes de paille, couteaux et panières,
et rires
dans les vignes.
Doigts et genoux,
poitrines et mentons
ensanglantés dans le raisin,
cris rouges et sueurs,
dans les descentes
le gloussement doré de la poule.
Et comme bleuit le soir
petit à petit,
mauve puis violet,
voilà aussi la Sainte Vierge
sur la grand-route
à côté des charrettes, des clochettes,
des cruches
et des mouchoirs brodés
la voilà la Sainte Vierge
et dans son tablier d’argent
dix livres de raisin rouge.
Et toi seul,
fier comme un cyprès,
seigneur des sombres palais des eaux,
tu l’assieds à l’écart,
face aux clochers,
sur la crête de la compassion
et de la solitude,
et tu égrènes sur tes genoux
les grosses grappes
des étoiles.
Traduit du grec par Michel Volkovitch
in, « Anthologie de la poésie grecque contemporaine, 1945 – 2000 »
Editions Gallimard (Poésie), 2000
Du même auteur :
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