Dino Campana (1885 – 1932) : Jardin automnal (Florence) / Giardino autunnale (Firenze)
Jardin automnal (Florence)
Au jardin spectral au laurier muet
De ses vertes guirlandes
A la terre automnale
Un ultime salut !
Aux arides versants
Âpres rougis dans l’extrême soleil
Confuse de rumeurs
Rauques crie la lointaine vie :
Crie au soleil mourant
Qui ensanglante les parterres.
S’entend une fanfare
Qui déchirante monte : l e fleuve disparaît
Dans les arènes d’or ; dans le silence
Sont les blanches statues à la tête des ponts
Tournées : les choses déjà ne sont plus.
Et du profond silence comme un chœur
Et tendre et grandiose
Surgit et aspire haut à mon balcon :
Et en arôme de laurier,
En arôme de laurier âcre languissant,
Parmi les statues immobiles au couchant
Elle m’apparaît, présente.
Traduit de l’italien par Irène Gayraud et Christophe Mileschi
In, Dino Campana : « Chants orphiques et autres poèmes »,
édition bilingue.
Editions Points, 2016
Jardin d’automne
(Florence)
Au jardin spectral, au laurier
privé de ses vertes guirlandes
à la terre automnale
un ultime salut !
Sur les âpres pentes arides
rougies des derniers feux solaires,
la vie gronde au loin, confuse
en ses rauques rumeurs ;
elle gronde au soleil mourant
qui ensanglante les parterres.
On entend une fanfare
qui s’élève, déchirante ; le fleuve disparaît
dans les sables dorés. Dans le silence
les blanches statues immobiles gardent les têtes de pont
et déjà toutes choses s’évanouissent...
Du profond silence, un chœur
tendre et grandiose surgit
et monte vers mon balcon :
dans un parfum de laurier,
d’âcre laurier languissant,
parmi les immortelles statues baignées du couchant,
« Elle » m’apparaît, « Elle » est là !.
Traduit de l’italien par Geneviève Burckhardt
In, « Italie poétique contemporaine »
Editions du Dauphin, 1968
Du même auteur :
Gênes / Genova (20/08/2017)
La Chimère / La Chimera (20/08/2018)
Poésie facile / Poesia facile (20/08/2019)
Bâtiment en voyage / Bastimento in viaggio (20/08/2020)
L’espérance (sur le torrent nocturne) /La speranza (sul torrente notturno) (01/02/2021)
La baie vitrée / L’invetriata (20/08/2021)
Le chant de la ténèbre / Il canto della tenebra (01/02/2022)
Le soir de la foire / La sera di fiera (20/08/2022)
Guglielma et Manfreda au balcon (XIIIème siècle) /Guglielmina e Manfreda al balcone (Secolo XIII) (01/02/2023)
Femme génoise / Donna genovese (01/02/2024)
Giardino autunnale (Firenze)
Al giardino spettrale al lauro muto
De le verdi ghirlande,
A la terra autunnale,
Un ultimo saluto !
A l’aride pendici
Apre arrossate nell’estremo sole
Confusa di rumori
Rauchi grida la lontana vita :
Grida al morente sole
Che insanguina le aiole.
S’intende una fanfara
Che straziante sale : il fiume spare
Ne le arene dorate ; nel silenzio
Stanno le bianche statue a capo i ponti
Volte: e le cose già non sono più.
E dal fondo silenzio come un coro
Tenero e grandioso
Sorge ed anela in alto al mio balcone :
E in aroma d’alloro,
In aroma d’alloro acre languente,
Tra le statue immortali nel tramonto
Ella m’appar, presente.
Canti Orfici,
Tipografia F. Ravagli, 1914
Poème précédent en italien :
Giacome Leopardi : Les souvenirs / Le ricordanze (2012/2019)
Poème suivant en italien :
Salvatore Quasimodo: Anno Domini MCMXLVII (15/04/2020)