Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le bar à poèmes
24 mai 2025

Seamus Heaney (1939 – 2013) : La visite du policier / A constable calls

 

Seamus Heaney en mai 1970. 

 

La visite du policier

 

 

Sa bicyclette s’appuyait au rebord de fenêtre,


Le garde-boue avant encapuchonné


D’un pare-boue en caoutchouc,


Ses grosses poignées noires

 

 

Chauffant au soleil, le levier de dynamo


Brillant, dressé,


La pédale pendante, délivrée


De la botte de la loi

 

 

Par terre, près de sa chaise.


Son képi était renversé.


Son poids avait biseauté le bord


Des cheveux poissés de sueur.

 

 

Il avait défait la courroie


De son registre lourd, et mon père


Déclarait ses terres en labour


En arpents, quarts d’arpents et perches.

 

 

L’arithmétique de la peur.


Je fixais l’étui de revolver ciré


Avec son rabat boutonné, la corde guipée


Faisant boucle dans la crosse.

 

 

« Avez-vous d’autres racines ?


Betteraves fourragères ? Plants de courge ? Quelque chose de ce genre ? »

 

 

« Non ». Mais n’y avait-il pas-un sillon


De navets, là où la semence s’était épuisée

 

 

Dans le champ de pommes de terre ? J’assumais


Des culpabilités mineures, restais assis


A imaginer le cachot noir à la caserne.


Il se mit debout, fit glisser l’étui à matraque

 

 

Sur sa ceinture,


Ferma le cadastre,


Ajusta son képi des deux mains, 


Et prit congé, les yeux sur moi.

 

 

Une ombre s’agita à la fenêtre,


Il rabattait le ressort du porte-bagages


Sur son registre. Sa botte donna le coup d’envoi


Et la bicyclette fit tic-tac, tic-tac, tic-tac.

 

 

 


Traduit de l’anglais par Deidre McKeown-Laigle


in, Denis Rigal : « Poésies d’Irlande. Anthologie »


Editions SUD, 13001Marseille, 1987


Du même auteur :


Bonne nuit / Good night (26/02/2019)


Mère (26/05/2020)


Rites funèbres / Funeral Rites (27/05/2021)


Victime / Casualty (27/05/2022)


Bêcher / Digging (27/05/2023)


L’homme de Tollund / The Tollund man (27/05/2024)

 

 

A constable calls

 


His bicycle stood at the window-sill, 


The rubber cowl of a mud-splasher 


Skirting the front mudguard, 


Its fat black handlegrips 

 

 

Heating in sunlight, the "spud" 


Of the dynamo gleaming and cocked back, 


The pedal treads hanging relieved 


Of the boot of the law. 

 

 

His cap was upside down 


On the floor, next his chair. 


The line of its pressure ran like a bevel 


In his slightly sweating hair. 

 

 

He had unstrapped 


The heavy ledger, and my father 


Was making tillage returns 


In acres, roods, and perches. 

 

 


Arithmetic and fear. 


I sat staring at the polished holster 


With its buttoned flap, the braid cord 


Looped into the revolver butt.

 

 

"Any other root crops? 


Mangolds? Marrowstems? Anything like that ? "


"No." But was there not a line 


Of turnips where the seed ran out 

 

 

In the potato field ? i assumed 


Small guilts and sat 


Imagining the black hole in the barracks. 


He stood up, shifted the baton-case 

 

 

 

 

Further round on his belt, 


Closed the domesday book, 


Fitted his cap back with two hands, 


And looked at me as he said goodbye.  

 

 

A shadow bobbed in the window. 


He was snapping the carrier spring Over the ledger. 


His boot pushed off 


And the bicycle ticked, ticked, ticked.

 

Poème précédent en anglais :


Percy Bysshe Shelley : Orphée / Orpheus (12/03/2025)

 


Poème suivant en anglais :

Geoffrey Squires « (Et toute la difficulté ... » / « (And all the trouble... » (08/06/2025)
 

Commentaires
Le bar à poèmes
Archives
Newsletter
115 abonnés