Paul Celan (1920 – 1970) : « De la matière des anges... »
Photo de Gisèle Freund : Paul Celan, Paris,1964. Centre Pompidou, Paris
DE LA MATIÈRE DES ANGES, le jour
où l’âme fut insufflée, phalliquement
unis dans l’Un
– Lui, le Juste qui donne la vie, t’accoupla à moi,
ô sœur –, emportés là-haut
à grands flots à travers les canaux, montant
vers la couronne-racine :
séparés par la tête
elle nous pousse vers le haut, pareillement éternels,
le cerveau immobile, un éclair
recoud nos crânes, les écorces
et tous
les os encore à ensemencer :
dispersés de l’Orient, à rassembler en Occident, pareillement éternels –,
là où brûle cette écriture, après la
mort aux trois quarts, devant
l’âme restante, roulant
çà et là, qui se
tord d’angoisse devant la couronne,
depuis l’origine des temps
Traduit de l’allemand par Stéphane Mosès
In, Revue « Po&sie, N° 124 »
Editions Belin, 2008
Du même auteur :
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