Paul Celan (1920 – 1970) : « La nuit, quand le pendule de l’amour... » / « Nachts, wenn das Pendel der Liebe...
La nuit, quand le pendule de l’amour balance
entre Toujours et Jamais,
la parole vient rejoindre les lunes du cœur
et ton œil bleu
d’orage tend le ciel et la terre.
D’un bois lointain, d’un bosquet noirci de rêve
l’Expiré nous effleure
et le Manque hante l’espace, grand comme les spectres du futur.
Ce qui maintenant s’enfonce et soulève
vaut pour l’Enseveli au plus intime :
embrasse, aveugle, comme le regard
que nous échangeons, le temps sur la bouche.
Traduit de l’allemand par Jean-Pierre Lefebvre
in, Paul Celan : « Choix de poèmes, réunis par l’auteur »
Editions Gallimard (Poésie), 1998
Du même auteur :
Fugue de mort / Todesfuge (01/12/2014)
Strette / Engfürhrung (01/12/2015)
Matière de Bretagne (01/12/2016)
Le Menhir (01/12/2017)
« Voix... / Stimmen... » (01/12/2018)
Psaume / Psalm (01/12/2019)
Eloge du lointain / Lob der Ferne (01/12/2020)
Port / Hafen (01/12/2022)
« Dans la matière des anges... » (01/12/2023)
Quatre poèmes berlinois (1967) (01/12/2024)
Nachts, wenn das Pendel der Liebe schwingt
zwischen Immer und Nie,
stößt dein Wort zu den Monden des Herzens
und dein gewitterhaft blaues
Aug reicht der Erde den Himmel.
Aus fernem, aus traumgeschwärztem
Hain weht uns an das Verhauchte
und das Versäumte geht um, groß wie die Schemen der Zukunft.
Was sich nun senkt und hebt,
gilt dem zuinnerst Vergrabnen :
blind wie der Blick, den wir tauschen,
küßt es die Zeit auf den Mund.
Mohn und Gedächtnis,
Deutsche Verlags-Anstalt, Stuttgart, 1952
Poème précédent en allemand :
Wolfdietrich Schnurre : Nouveaux poèmes 1965 – 1979 (I) (28/11/2021)
Poème suivant en allemand :
Friedrich Gottlieb Klopstock :Les tombes précoces / Die frühen Gräber (28/12/2021)