Alfonso Gatto (1909 – 1976) : Elégie nocturne / Elegia notturna
Elégie nocturne
Peut-être mon seul souvenir : ta joie
dans la maison là-bas où le soir
apporte l’odeur de la terre et la calme
lumière nocturne, c’est ta vraie voix
celle où jeune tu parles sur le visage
riant des enfants. Sont passées
dans ton regard des nuits limpides
au bruissement dru des étoiles, les façades
voilent des maisons blanches, une fontaine
vibre d’une eau seule à s’écouter
et la ville se déploie au seuil
lointain de la mer. C’est l’âme qui vole.
Sans le savoir, tu nous vouais au chant
de l’homme sans retour, qui toujours
disparaît dans le vide d’une place, la mort
à nous en étonner parut sortilège, à de rares
voix bruissantes le sommeil fut adieu.
Traduit de l’italien par Bernard Simeone
In, Alfonso Gatto : « Pauvreté comme le soir »,
Editions La Différence (Orphée), 1989
Elégie nocturne
Peut-être me rappelè-je seulement que tu étais heureux
dans la maison là-bas où le soir
amène l’odeur de la terre et la tranquille
lumière nocturne ; j’entends ta voix réelle,
ta voix de jeunesse exprimée sur le visage
riant des enfants. De limpides nuits
sont passées dans ton regard au dense
scintillement des étoiles, les façades
voilent des maisons blanches, une fontaine
vibre de l’eau qui s’écoute toute seule
et la ville se déploie jusqu’au seuil lointain
de la mer. Notre âme s’envole-t-elle ?
Tu ne savait pas nous vouer au chant
de l’homme qui ne revient pas, qui disparaît
toujours dans le vide de la place, enchantée
nous parut la mort nous surprenant ; au rares
voix s’amenuisant, le sommeil fut l’adieu.
Traduit de l’italien par Geneviève Burckhardt
in, « Italie poétique contemporaine »
Editions du dauphin, 1968
Du même auteur :
A mon père / A mio padre (27/08/2017)
Mots / Parole (27/08/2018)
« Les soirs reviendront... / « Torneranno le sere ... » (27/08/2019)
Et tu m’écouteras / E tu m'ascolterai (27/08/2020)
Pour les martyrs de la Place Loreto / Per i martiri di Piazzale Loreto (27/08/2021)
Cendres / Cenere (31/07/2023)
Poésie d’amour / Poesia d’amore (31/07/2024)
Elegia notturna
Forte solo ricordo ch’eri lieto
nella casa laggiù dove la sera
reca l’odore della terra e il quieto
lume notturno, è la tua voce vera
questa in cui parli giovane sul volto
ridente dei fanciulli. Son passate
limpide notti nel tuo sguardo al folto
stormire delle stelle, le facciate
velano case bianche, una fontana
vibra dell’acqua che s’ascolta sola
e la città si spiega alla lontana
soglia del mare. E’ l’anima che vola ?
Tu non sapevi di votarci al canto
dell’uomo che non torna, che scompare
sempre nel vano della piazza, incanto
sembro’ la :morte da stupirci, a rare
voci stormenti il sonno fu l’addio.
Poesie
Vallecchi editore, Firenze, 1941
Poème précédent en italien :
Giuseppe Ungaretti : Calme / Sereno (13/05/2022)
Poème suivant en italien :
Eugenio Montale : Midi / « Gloria del disteso mezzogiorno... » (14/08/2022)