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Le bar à poèmes
8 septembre 2021

William Shakespeare (1564 – 1616) : « Quand je compte les coups du balancier... » / « When I do count the clock... »

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12

 

Quand je compte les coups du balancier de l’heure

Et vois sombrer en nuit d’horreur le jour vaillant,

Quand je sais de violette étiolée la fraîcheur

Et telles boucles noires argentées de blanc,

 

Quand je vois le grand arbre privé de ses feuilles

Où venaient les troupeaux accablés chercher l’ombre,

Et le vert de l’été tout en gerbes de deuil

Comme une barbe blanche que l’on porte en tombe,

 

Alors pour ta beauté même question m’inquiète,

Que tu aies à rejoindre des ruines l’empire

Puisque beauté, douceurs ne mènent qu’à leur perte

Et meurent en voyant leurs suivantes venir ;

 

Si rien, du temps faucheur, ne saurait se défendre,

Engendre, et nargue-le lorsqu’il viendra te prendre !

 

Traduit de l’anglais par Cédric Demangeot

In, Revue « Moriturus N°3-4, avril 2004 »

Editions Fissile, 09310 les cabannes, 2004

 

Quand je compte les heures égrenées par l’horloge,

Vois dans la nuit hideuse sombrer le jour splendide,

Observe la violette en train de s’étioler

Et les boucles d’ébène tout argentées de blanc ;

Quand je vois dénudés les arbres qui naguère

De leurs dais abritaient des chaleurs le troupeau,

Et le vert de l’été, tout en gerbes lié,

Porté sur une bière, barbe hirsute et blanchie :

Alors sur ta beauté je dois m’interroger :

N’iras-tu pas rejoindre les ruines du temps ?

Cat douceur et beauté s’abandonnent et meurent

Sitôt qu’elles voient croître d’autres perfections.

     Contre la faux du Temps pourra seul te défendre

     Un fils qui le défie quand il t’emportera.

 

Traduit de l’anglais par Robert Ellrodt

In, « William Shakespeare, Oeuvres complètes. Poésies »

Editions Robert Laffont (Bouquins), 2002

 

Quand j’écoute sonner l’heure à l’horloge, et vois

Le jour ardent sombrer dans la hideuse nuit,

Quand je contemple la violette à son déclin,

Et les noires boucles tout argentées de blanc ;

 

Quand je vois dépouillés de feuilles les grands arbres

Qui naguère abritaient des chaleurs le troupeau,

Et l’été verdoyant tout en trézeaux lié

Que, hérissés de barbe blanche, l’on emporte :

 

Alors je vais m’interrogeant sur ta beauté,

Toi qui dois être un jour balayé par le temps,

Puisque charmes, beautés, se renoncent et meurent

Aussi rapidement qu’ils en voient d’autres croître,

 

Et rien ne nous défend du vieux Faucheur, sinon

Un fils qui le défie, au moment qu’il t’emporte.

 

 Traduit de l’anglais par Henri Thomas

In, "Oeuvres complètes de Shakespeare, Tome 7"

Editions Formes et Reflets, 1961

 

     Quand je compte avec soin l’horloge disant les heures et vois sombrer le

brave jour dedans la hideuse nuit, quand je contemple la violette fraîcheur

passée, et blanchie de poudre d’argent la noirceur bouclée ;

     Quand je vois les hauts arbres décharnés de feuilles, qui contre la chaleur

ont fait tente aux troupeaux, et la moisson d’été toute ceinturée en gerbes être

portée sur une bière, la barbe blanche embroussaillée ;

     Alors de ta beauté je fais question, que toi parmi les ruines du temps devra

partir, puisque douceur beauté d’elles-mêmes s’abandonnent, et meurent, dès

aussitôt que voient d’autres pousser ;

     Contre la faux du Temps rien ne peut te défendre, sauf engendrer, pour le

braver ce temps quand il viendra te prendre.

 

Traduit de l’anglais par Pierre Jean Jouve

In, "Sonnets de Shakespeare"

Editions du Sagittaire (Club français du livre, 1955)

 

Quand j’entends sonner l’heure et que je vois

Le jour sombrer dans la hideuse nuit,

Quand je vois la violette en triste arroi,

Le blanc d’argent sur les boucles de suie,

Les grands arbres privés de leur feuillage

Qui gardait les troupeaux de la chaleur

Et le vert de l’été qu’en fossoyage

Porte la gerbe hérissée de blancheur,

Je m’interroge alors sur ta beauté

Qui finiras balayée par le temps,

Charme et beauté perdant leur qualité

Mourant si vite, en d’autres renaissant...

          La faute du Temps, seul pourrait t’en défendre

          Un fils qui la défie, vengeant tes cendres.

 

 

Traduit de l’anglais par André Markowicz et Françoise Morvan,

In, William Shakespeare : « Les sonnets »

Editions Mesures, 2023

 

Du même auteur :

« C’est quand mon œil est clos… » / "When most I wink..." (02/02/2015)

« Lorsque quarante hivers… » / «When forty winters… » (02/02/2016)

« Les yeux de mon amante... » / « My mistress' eyes... » (09/09/2022)

« Mon poème a menti... » / « Those lines that I before have writ do lie... » (09/0/9/2023)

« D’aucuns vantent leur nom.. » / « Some glory in their birth,... » (09/09/2024)

 

When I do count the clock that tells the time, 

 And see the brave day sunk in hideous night; 

When I behold the violet past prime, 

And sable curls all silver’d o’er with white;

When lofty trees I see barren of leaves 

Which erst from heat did canopy the herd,

And summer’s green all girded up in sheaves 

Borne on the bier with white and bristly beard, 

Then of thy beauty do I question make,

That thou among the wastes of time must go,

Since sweets and beauties do themselves forsake

 And die as fast as they see others grow; 

 And nothing ‘gainst Time’s scythe can make defence

 Save breed, to brave him when he takes thee hence. 

 

SHAKE-SPEARES / SONNETS / Never before imprimed

Thomas Torpe, 1609

 Poème précédent en anglais :

John Montague : Tous les obstacles légendaires / All legendary obstacles (15/08/2021)

Poème suivant en anglais :

Richard Brautigan : Poème d’amour / Love poem (27/09/2021)

Commentaires
V
Voir aussi cette traduction ;-)<br /> <br /> <br /> <br /> http://www.salvedetoiles.com/search/label/William%20Shakespeare<br /> <br /> <br /> <br /> Désolé, précédent commentaire sous la mauvaise publication !
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