Stratis Pascalis / Στρατής Πασχάλης (1958 -) : Rustre
Rustre
Il creusait lourdement
la terre, lèvres sèches,
joue pas rasée, caillou
caché sous des épines,
enfoncés dans l’orbite
les yeux très bleus luisants,
les cheveux recouverts
par un givre glacé.
Il rentrait tard chez lui
fatigué comme un bœuf,
pour connaître les choses
il avait ses mains dures :
dans le noir il prenait
les deux pis de la chèvre
sur la bosse des seins
de la femme allongée
les serrait comme au bain
la cuisse de son fils
quand il le lavait nu
dans l’abreuvoir de l’été.
Parfois, fixant la terre
l’œil noir il s’assoyait
sur un rocher, fumant
sa cigarette amère,
tout pareil à la bête
qui vit sans une plainte.
Traduit du grec par Michel Volkovitch
In « Les poètes de la Méditerranée. Anthologie"
Editions Gallimard / Cultures France (Poésie), 2010
Du même auteur :
Préhistoire (10/07/2014)
« Hauts paysages de l’ascension… » (10/09/2015)
Première pluie 10/09/2016)
Cartographie de la lumière (10/09/2017)
L’ogre / Ο δράκος (10/09/2018)
Le chèvrefeuille (10/09/2019)
Tressaillement (10/09/2020)
« Il prend figure si vite, le vide... » (10/09/2022)