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Le bar à poèmes
9 septembre 2024

William Shakespeare (1564 – 1616) : « D’aucuns vantent leur nom.. » / « Some glory in their birth,... »

 

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D’aucuns vantent leur nom, leur savoir-faire

Ou leurs trésors ou leur bras de colosse

Ou leurs atours, quoiqu’ils semblent vulgaires,

Leurs chevaux, leurs faucons ou leurs molosses.

Et chaque humeur a son plaisir à elle,

La source de sa joie la plus profonde.

Ces singularités qui se querellent

Sont vaines : moi, j’ai un seul bien au monde.

Ton amour m’est plus cher que la noblesse,

Que la fortune ou le riche apparat ;

Chevaux, faucons et chiens, je les leur laisse :

T’avoir toujours, tout mon orgueil est là,

          Et toute ma misère est que tu peux,

          Me prenant tout, me rendre miséreux.

 

Traduit de l’anglais par André Markowicz et Françoise Morvan,

In, William Shakespeare : « Les sonnets »

Editions Mesures, 2023

 

Gloire des uns : leur naissance, d’autres : leur art,

L’un, ses grands biens, l’autre, la force de son corps,

Certains, d’être à la mode, et si laide soit-elle,

D’autres, leurs chiens ou leurs faucons, ou leurs chevaux.

 

Et chaque préférence a son plaisir conjoint

D’où lui vient une joie qui passe toute chose,

Mais ces détails ne sauraient être ma mesure ;

Je sais un bien total qui les embrasse tous.

 

Ton amour est pour moi plus que haute naissance,

Plus que trésors, plus que luxueux vêtements,

Et de plus d’agréments que faucons et chevaux,

T’ayant, j’ai tout ce dont l’homme s’enorgueillit :

 

Malheureux, seulement en ceci, que tu peux

Tout m’ôter, me rendant misérable entre tous.

 

 Traduit de l’anglais par Henri Thomas

In, "Oeuvres complètes de Shakespeare, Tome 7"

Editions Formes et Reflets, 1961

 

Certains sont fiers de leur, ou leur savoir,

Certains de leur richesse ou leur force physique,

Certains de leurs habits (neufs mais de mauvais goût),

Certains de leurs faucons, leurs chiens ou leurs chevaux

Chacun cherche un plaisir qui sied à son humeur

Et la joie qu’il y trouve en surpasse toute autre.

Ces piètres intérêts ne sont à ma mesure,

Car mon unique mieux surpasse tous les biens ;

Ton amour m’est plus cher qu’une haute naissance

Plus précieux que richesse ou somptueux habits,

Et de plus d’agréments que faucons ou chevaux,

Car en t’ayant, j’ai plus que tout homme et m’en vante ;

          Misérable en ceci seulement : tu pourrais

          En tout m’ôtant, me rendre entre tous misérable.

 

Traduit de l’anglais par Robert Ellrodt

In, « William Shakespeare, Oeuvres complètes. Poésies »

Editions Robert Laffont (Bouquins), 2002

 

     Les uns ont gloire en leur naissance et les autres en leur talent, ou encore

en leur richesse, ou dans les forces de leur corps ; er certains en leurs habits,

à la laide mode du jour ; certains encore en leurs chevaux, ou leurs faucons et

leurs chiens .

     Et chaque humeur a son plaisir adjoint, où trouver une joie à une autre plus

grande : ces choses ne sont point à quoi je me mesure ; toutes je les domine en

un mieux dominant.

     Ton amour est meilleur que la haute naissance, plus riche que richesse, plus

objet de fierté qu’un prix de vêtement, et de plus de plaisir que chevaux et

faucons ; et je me vante de la gloire de tous, en t’ayant.

     Malheureusement en ceci que tu puisses m’ôter, tout cela, me faisant le plus

déshérité.

 

 Traduit de l’anglais par Pierre Jean Jouve

In, "Sonnets de Shakespeare"

Editions du Sagittaire (Club français du livre, 1955)

Du même auteur :

« C’est quand mon œil est clos… » / "When most I wink..." (02/02/2015)

« Lorsque quarante hivers… » / «When forty winters… » (02/02/2016)

« Quand je compte les coups du balancier... » / « When I do count the clock... » (09/09/2021)

« Les yeux de mon amante... » / « My mistress' eyes... » (09/09/2022)

Mon poème a menti... » / « Those lines that I before have writ do lie... » (09/0/9/2023)

 

Some glory in their birth, some in their skill,

Some in their wealth, some in their bodies’ force,

Some in their garments, though new-fangled ill,

Some in their hawks and hounds, some in their horses;

And every humour hath his adjunct pleasure,

Wherein it finds a joy above the rest:

But these particulars are not my measure;

All these I better in one general best.

Thy love is better than high birth to me,

Richer than wealth, prouder than garments’ cost,

Of more delight than hawks or horses be;

And having thee, of all men’s pride I boast:

    Wretched in this alone, that thou mayst take

    All this sway and me most wretched make.

 

 

SHAKE-SPEARES / SONNETS / Never before imprimed

Thomas Torpe, 1609

Poème précédent en anglais :

Anna Waldman : D’après Mirabai / After Mirabai (25/07/2024)

Poème suivant en anglais :

Richard Brautigan : La courbe des choses oubliées / The cuve of forgotten things (27/09/2024)

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