John Montague : (1929 - 2016) : Tous les obstacles légendaires / All legendary obstacles
Tous les obstacles légendaires
Tous les obstacles légendaires
Nous séparaient, immense plaine imaginaire
Monstrueuse fronce des montagnes
Et, se balançant dans la nuit,
Innondant le Sacramento, San Joaquin,
Sifflant en sarabande, la pluie d’hiver.
Tout le jour j’attendis, allant
nerveusement de la gare au bar
Quand je voyais un autre train
Surgir, le San Francisco Chief ou
Le Golden Gate, ses grandes roues
dégoulinantes.
A minuit tu parus, pâle
Au-dessus de la lampe du porteur noir,
J’étais trop aveuglé par la nuit
Et le doute pour parler, mais
Du quai je tendis le bras
Et nos mains glacées se serrèrent.
Tu avais voyagé pendant des jours
Avec une vieille dame, qui dessina
Un cercle précis sur la vitre
Avec son gant, pour nous voir
Avancer dans la moite obscurité
Nous embrassant, sans pouvoir nous parler.
Traduit de l’anglais par Michel Bariou
Ini, Denis Rigal : « Poésies d’Irlande. Anthologie »
Editions Sud, 133001 Marseille1987
Du même auteur :
Mer vineuse / Wine dark sea (25/10/2014)
James Joyce (15/08/2022)
Comme des dolmens autour de mon enfance, les vieux / Like dolmens round my childhood, the old people.(15/08/2023)
Cours de nu (15/08/2024)
All legendary obstacles
All legendary obstacles lay between
Us, the long imaginary plain,
The monstruous ruck of moutains
And, swinging across the night,
Flooding the Sacramento, San Joaquin,
The hissing drift of winter rain.
All day I waited, shifting
Nervously from station to bar
As I saw another train sail
By, the San Francisco Chief or
Golden Gate, water dripping
From great flanged wheels.
At midnight you came, pale
Above the negro porter’s lamp.
I was too blind with rain
An doubt to speak, but
Reached from the platform
Until our chilled hands met.
You had been travelling for days
With an old lady, who marked
A neat circle on the glass
With her glove, to watch us
Move into the wet darkness
Kissing, still unable to speak.
Poème précédent en anglais :
Oscar Wilde : Silentium amoris (11/08/2021)
Poème suivant en anglais :
William Shakespeare : « Quand je compte les coups du balancier... » / « When I do count the clock... » (09/09/2021)