Michel Manoll (1911 – 1984) : Si je ferme les yeux
Si je ferme les yeux
Si je ferme les yeux, il faut bien que tu dormes,
Puisque nous éteignons la même lampe humaine,
Qui nous éclaire un peu au sortir de l’abîme
Et nous rassemble autour de sa flamme incertaine ;
Chaque nuit nous délite et modèle nos traits
Selon le galbe obscur des statues éternelles,
Er c’est la même neige inconnue qui nous hèle
Et le même silence en nos yeux appareille.
Ainsi ressemblons-nous aux vivants que nous fûmes,
Se partageant toujours le pain noir du désert,
Comme les fruits de l’ombre et notre chair de brume,
L’un déjà naufragé lorsque l’autre se perd.
Thérèse ou la Solitude dans la ville
Pierre Seghers éditeur,1953
Du même auteur :
La flamme en nous qui sombre (05/03/2016)
Service de nuit (06/03/2017)
La maison de la mer (06/03/2018)
A René Guy Cadou (22/04/2020)
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