André Markowicz (1960 -) : Un texte d’hiver
André Markowicz. © Ouest-France
Un texte d’hiver
Du cœur des aonides, l’or
gris d’un matin
soluble, paume
ouverte, le
froid est le don dessus pour mieux
l’entendre soudre
autour –
impassibilité des asphodèles, père
à qui, pour chaque année
de soliloque, j’offre
ou bien j’apporte
une bruyère mauve, qui sera
là pour le dire ? des yeux bleus
sans le regard,
une émancipation de la voyelle.
De sous les cendres, vois
portée non par le vent,
vu son absence, mais
le froid – on la dirait figée
et devenue de fer, quand elle
est suspendue autour
de moi, si brusquement, si vive,
elle est aussi, en tant qu’elle est à lui,
incongrue, et, sans doute fausse –
elle est entrée
dans la nature, ayant
brûlé puis refroidi,
et si je la salue comme à l’instant
parmi les autres voix
portées, c’est qu’elle est insensible.
Vienne l’âge de paix
pour l’an nouveau
dit l’intervalle, je
n’ai connu de ses peurs
qu’un regard qu’il
tournait vers la
porte. D’autres discutent. Des fourmis
dans les phalanges. Le repos reçu
et l’ignorance nécessaire.
Un corps
pour un. Et le miel et le lait
qui font les fleuves. Les
arbres avaient leur chant
et la tortue sa carapace creuse –
une autre preuve pour le communisme.
La casserole tinte,
à son crochet,
les vitres vibrent, l’air
vous coupe les poumons, les bruits
préjudiciables si je me concentre
à lui donner un lieu
dont il n’a pas besoin.
Celles qui au soleil pendant
la pause fument sont adossées à la
barrière d’un chantier. Ces voix venues
sans autre but que leur
voix même sont
ce qui nous tient liés par une
ardeur qu’il ne m’a pas transmise.
Partages 2015-2016
Editions Mesures, 2023
Du même auteur :
Trois aubes (19/03/2019)
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