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Le bar à poèmes
19 mars 2025

André Markowicz (1960 -) : Un texte d’hiver

André Markowicz. © Ouest-France

 

Un texte d’hiver

 

 

Du cœur des aonides, l’or


gris d’un matin


                           soluble, paume


ouverte, le


froid est le don dessus pour mieux


                         l’entendre soudre


autour –


impassibilité des asphodèles, père


à qui, pour chaque année


          de soliloque, j’offre


ou bien j’apporte


une bruyère mauve, qui sera


là pour le dire ? des yeux bleus


sans le regard,


une émancipation de la voyelle.

 

 

 

De sous les cendres, vois


      portée non par le vent,


vu son absence, mais


le froid – on la dirait figée


et devenue de fer, quand elle


            est suspendue autour


de moi, si brusquement, si vive,


elle est aussi, en tant qu’elle est à lui,


incongrue, et, sans doute fausse –


                                 elle est entrée


dans la nature, ayant 


brûlé puis refroidi, 


et si je la salue comme à l’instant


                    parmi les autres voix


portées, c’est qu’elle est insensible.

 

 

 

Vienne l’âge de paix


pour l’an nouveau


dit l’intervalle, je


n’ai connu de ses peurs


       qu’un regard qu’il


tournait vers la 


porte. D’autres discutent. Des fourmis


dans les phalanges. Le repos reçu


       et l’ignorance nécessaire.


Un corps


pour un. Et le miel et le lait


       qui font les fleuves. Les


arbres avaient leur chant


et la tortue sa carapace creuse –


une autre preuve pour le communisme.

 

 

 

La casserole tinte,


       à son crochet,


les vitres vibrent, l’air


vous coupe les poumons, les bruits


préjudiciables si je me concentre


                     à lui donner un lieu


dont il n’a pas besoin.


Celles qui au soleil pendant


la pause fument sont adossées à la


barrière d’un chantier. Ces voix venues


                         sans autre but que leur


voix même sont


ce qui nous tient liés par une


ardeur qu’il ne m’a pas transmise.

 

 

 


Partages 2015-2016


Editions Mesures, 2023

 


Du même auteur : 


Trois aubes (19/03/2019)


Trois textes d’un été (19/03/2020)


« Laisse ton adresse... » (19/03/2021)


« Une chute lente... » (19/03/2022)


« Un sommeil haché... » (19/03/2023)


« Car le visage est... » (19/03/2024)
 

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