André Markowicz (1960 -) : « Car le visage est... »
Car le visage est jusqu’au bout,
intempestif,
et la semblance est innombrable –
on dit : fluente. La
tendresse qu’on éprouve à regarder
un enfant se dissipe quand lui vient
sa solitude. La
porte claque et tout tremble. J’ai
ses yeux sur moi
qui me dénudent, me
« pardon du jeux de mots »
dévisageant, et l’âge
est en lui-même impitoyable.
Les yeux, la nuit,
ils s’agglomèrent dans le souffle :
ils ont
leur voix à eux, et pas
de cire imaginable pour
les éloigner. Un bruit
en tant que tel.
« Alors, c’est vous ? »
dit-il, en regardant
non les yeux du visage, mais les yeux
dans sa mémoire du
portrait – et elle
elle est plus effrayée par ces yeux-là
que par les autres qui
collés contre sa nuque un jour,
seront sa mort.
Car ce visage-là lui rend visage
et son
apparition compassionnelle
le couteau ne pourra
qu’en détourner
la douceur inflexible.
Le buisson – vu
vous brûle.
Figures
Editions du Seuil, 2007
Du même auteur :
Trois aubes (19/03/2019)
Trois textes d’un été (19/03/2020)
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Un texte d’hiver 19/03/2024)