Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le bar à poèmes
18 mars 2022

André Markowicz (1960 -) : « Une chute lente... »

 

markowicz_27[1]Grégoire Maisonneuve / Bulac

 

 

Une chute lente, noire et rouge –

chute, ce n’est pas le mot, - glissade

est plus juste, si je considère

qu’elle se déroule, sans aucune

ecchymose, sans contact, à peine

cette sensation que les organes

restent suspendus dans l’enveloppe

de ce que, quoique sans certitude,

j’ai tendance à prendre pour ma forme,

ma présence, au moins, aux yeux des autres,

d’où l’immatérialité de cette

expérience – la descente. Parce

qu’elle est plus rapide que sa propre

conception, elle est apophatique,

et pas seulement apophatique,

mais liée à un silence proche

de la mort, ou ce que je suppose

être tel, et la durée de cette

chute, deux ou trois secondes, ouvre,

dans l’espace abstrait, à une errance

où le temps est inenvisageable

en lui-même, un souffle et un tangage

et un flottement, et si la chambre

flotte encore quand je m’y retrouve

sans oser, à cause du vertige,

relever la tête, essayant juste

de calmer le battement des tempes

et du cœur pour revenir au rêve,

l’impression est de tomber encore,

de glisser toujours, et d’être en même

temps un survivant comme à sa propre

vie, retenant, du coup, deux mondes

dont le plus enfoui aurait tendance

à réduire l’autre à quelque chose

qui tiendrait de l’anecdote, quoique...

 

3-7 nov.16

 

Revue « Babel heureuse N° 3, printemps 2018 »

Gwen Catalá, éditeur, 31000 Toulouse

Du même auteur :

Trois aubes (19/03/2019)

Trois textes d’un été (19/03/2020)

« Laisse ton adresse... » (19/03/2021)

« Un sommeil haché... » (19/03/2023)

« Car le visage est... » (19/03/2024) 

Commentaires
Le bar à poèmes
Archives
Newsletter
108 abonnés