André Markowicz (1960 -) : « Un sommeil haché... »
Un sommeil haché par la même image
pas vraiment dicible – d’ailleurs, la même,
va savoir, - la même attraction, la même
force de trouble
en tout cas, - tangage et angoisse vague,
maternelle, un pressentiment de cercle
d’ombres, chaque fois, de reprendre quelque
chose qu’aucune
peur n’arrête, un flux de lumière jaune,
brune et verte, un ciel déchiré derrière,
vielle toile peinte qui tient encore
par des ficelles
tout aussi vétustes – trois fois de suite,
réveillé, repris, le récit des femmes,
sans les mots, avec, car les lèvres seules,
bougent sans suite,
jusqu’au soir, ne sont que leur propre forme
et ne manquent pas, et toi-même, ensemble,
prenant part au flux de leur voix, tu parles
sans que tu puisses
dire quelle langue, - des corps labiles,
l’un passant dans l’autre, changeant d’espace
comme un souffle porte sa suite, jusqu’
à la seconde
où, à gauche, là, par-dessus l’épaule,
trois instances, trois sœurs peut-être, seules,
t’ont fixé des yeux et, te touchant presque,
jette-moi, jette-
moi, dit l’une à l’autre, mais la troisième
s’est déjà fondue et, le temps que l’ombre
des bouleaux parcoure le sable encore
tiède et grisâtre
du sentier, il reste à franchir une autre
porte, un seuil empreint d’une odeur de mousse
sèche, de résineux, un début septembre
où tu commences.
6 – 9 décembre 16
Revue « Babel heureuse N° 3, printemps 2018 »
Gwen Catalá, éditeur, 31000 Toulouse
Du même auteur :
Trois aubes (19/03/2019)
Trois textes d’un été (19/03/2020)
« Laisse ton adresse... » (19/03/2021)
« Une chute lente... » (19/03/2022)