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Le bar à poèmes
30 décembre 2024

Dylan Thomas (1914 -1953) : Sur la colline de Sir John / Over Sir John's hill

Photographe non identifié, photo de presse d'une répétition au Swansea Little Theatre, sans date. Collection Dylan Thomas, PH-02774, Harry Ransom Center.

Sur la colline de Sir John

 

Sur la colline de Sir John,

Le faucon en flammes est suspendu

Sur la corde d’un nuage, à la chute du soir, il agrippe dans ses griffes

Et potences, jusqu’aux rayons de ses yeux les petits oiseaux de la baie

Et les moineaux jouant

Aux guerres piailleuses des enfants

Et ceux-là qui tels des cygnes par le chant s’enténèbrent,

Dans les haies querelleuses.

Et gaiement ils crient

Vers le gibet en feu par-dessus la lutte des ormes

Jusqu’à ce que le faucon, corde au col, étincelant

S’écrase, et lentement le héron sacré pêchant, aux aguets

En la rivière Towy plus bas renverse sa pierre tombale inclinée.

 

Un éclair et les plumes se brisent,

Et d’un noir bonnet de choucas

Se coiffe la juste colline de Sir John, et encore les oiseaux leurrés

Déboulent sur le faucon en feu, haute hart, par-dessus les nageoires

De la Towy,

Dans l’ahan du vent.

Où l’élégiaque oiseau-pêcheur poignarde et pagaie

Dans le bas-fond caillouteux

Rempli de joncs et de plies, et « venez, petits » dit le faucon juché,

« Venez vous faire tuer »,

J’ouvre les feuilles de l’eau sur un passage

De psaumes et d’ombres, parmi les crabes et leurs pinces caracolantes

 

Et je lis, dans une coquille,

La mort claire comme une cloche de bouée :

Que toute louange du faucon en feu dans le crépuscule à œil-de-faucon

Soit chantée quand sa vipérine fusée se suspend boucle de flammes

Sous le tison de l’aile, et bienheureux

Les vers

Petits poussins de la baie et des buissons glousseront

« Petits, petits, allons à la mort. »

Nous nous affligeons une ultime fois comme les oiseaux joyeux.

Quittons l’orme et les galets, le héron et moi,

Moi jeune Esope, fabulant à la nuit proche par le vallon

Des anguilles, le héron sacré chantant dans la distante

 

Vallée du havre cristallin

Où les cailloux de la mer naviguent,

Et sur les quais de l’eau où les murs dansent, où les grues blanches vont guindées

Le héron et moi, aux assises de la colline aux ormes de Sir John

Révélons le crime

Scandé par le glas

Des oiseaux dévoyés que Dieu, pour leur plein jabot de sifflements,

Prend en pitié,

Qu’il les sauve dans son silence tourbillonnant, lui qui distingue le « bonjour »

     des moineaux,

Pour la chanson de leurs âmes.

Maintenant le héron se désole sur la rive désherbée. A travers

Les fenêtres de crépuscule et d’eau je vois, penché, qui murmure,

 

Le héron, miroitant, aller

Comme les ailes rompues neigent,

Pêchant dans la larme de la Towy. Seule une chouette hulule

Creuse une larme d’herbe soufflée dans les mains en calice, dans les ormes pillés

Et nul coq vert ou poule verte

Ne crie

Maintenant sur la colline de Sir John. Le héron

Guéant les bas-pays écailleux des vagues,

Crée toute la musique, et moi qui écoute la mélodie

De la lente rivière aux saules, je grave

Avant le plongeon de la nuit, les notes sur cette pierre secouée par le temps

Pour l’amour des âmes des oiseaux massacrés qui font voile.

 

 

Traduit de l’anglais par Alain Suied 

In, Dylan Thomas : « Visions et Prière et autres poèmes » 

Editons Gallimard (Poésie),1991

Du même auteur :

La lumière point là où le soleil ne brille pas (04/02/2015)

La colline aux fougères / Fern Hill (22/03/2016)

« Surtout quand le vent d’octobre… » / Especially when the October wind…” (30/12/2017)

De son anniversaire / On his birhtday (30/12/2018)

 “ La force qui pousse la fleur... ”/ “ The force that through the green…” (30/12/2019)

Le bossu du parc / The hunchback in the park (30/12/2020)

Amour dans l’asile / Love in the asylum (30/12/2021)

« Reste immobile, dors dans l’accalmie... » / « Lie still, sleep becalmed... » (31/12/2022)

« N’entre pas sans violence... » / « Do not go gentle... » (31/12/2023)

 

Over Sir John's hill

 

 

Over Sir John's hill,

The hawk on fire hangs still;

In a hoisted cloud, at drop of dusk, he pulls to his claws

And gallows, up the rays of his eyes the small birds of the bay

And the shrill child's play

Wars

Of the sparrows and such who swansing, dusk, in wrangling hedges.

And blithely they squawk

To fiery tyburn over the wrestle of elms until

The flash the noosed hawk

Crashes, and slowly the fishing holy stalking heron

In the river Towy below bows his tilted headstone.

 



Flash, and the plumes crack,

And a black cap of jack-

Daws Sir John's just hill dons, and again the gulled birds hare

To the hawk on fire, the halter height, over Towy's fins,

In a whack of wind.

There

Where the elegiac fisherbird stabs and paddles

In the pebbly dab-filled

Shallow and sedge, and 'dilly dilly,' calls the loft hawk,

'Come and be killed,'

I open the leaves of the water at a passage

Of psalms and shadows among the pincered sandcrabs prancing

 



And read, in a shell

Death clear as a bouy's bell:

All praise of the hawk on fire in hawk-eyed dusk be sung,

When his viperish fuse hangs looped with flames under the brand

Wing, and blest shall

Young

Green chickens of the bay and bushes cluck, 'dilly dilly,

Come let us die.'

We grieve as the blithe birds, never again, leave shingle and elm,

The heron and I,

I young Aesop fabling to the near night by the dingle

Of eels, saint heron hymning in the shell-hung distant

 



Crystal harbour vale

Where the sea cobbles sail,

And wharves of water where the walls dance and the white cranes stilt.

It is the heron and I, under judging Sir John's elmed

Hill, tell-tale the knelled

Guilt

Of the led-astray birds whom God, for their breast of whistles,

Have Mercy on,

God in his whirlwind silence save, who marks the sparrows hail,

For their souls' song.

Now the heron grieves in the weeded verge. Through windows

Of dusk and water I see the tilting whispering



Heron, mirrored, go,

As the snapt feathers snow,

Fishing in the tear of the Towy. Only a hoot owl

Hollows, a grassblade blown in cupped hands, in the looted elms

And no green cocks or hens

Shout

Now on Sir John's hill. The heron, ankling the scaly

Lowlands of the waves,

Makes all the music; and I who hear the tune of the slow,

Wear-willow river, grave,

Before the lunge of the night, the notes on this time-shaken

Stone for the sake of the souls of the slain birds sailing.

Poème précédent en anglais :

Patrick Kavanagh : Sol rocailleux du pays Monaghan / Stony grey soil (12/12/2024)

Poème suivant en anglais : 

Emily Jane Brontë : « Je ne pleurerai pas... » / « I'll not weep... » (06/01/2025)

 

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