Dylan Thomas (1914 – 1953) : Amour dans l’asile / Love in the asylum
Statue de Dylan Thomas par John Doubleday, à Swansea
Amour dans l’asile
Une étrangère est venue
Partager ma chambre dans la maison folle
Une fille, oiseau dément
Verrouillant la nuit de la porte avec son bras de plumes,
Droite dans le lit-labyrinthe
Elle leurre la maison à l’épreuve du ciel avec des nuages
Et elle leurre la chambre de cauchemar en marchant,
En liberté comme les morts,
Ou chevauche les océans imaginaires des pavillons d’hommes.
Elle est venue possédée
Celle qui accueille la lumière trompeuse à travers le mur bondissant,
Possédée par les cieux
Elle dort dans l’auge étroite et pourtant elle foule la poussière
Puis délire tout son soûl
Sur les planches de la maison de fous, amincies par mes pleurs en marche.
Et surpris par la lumière dans ses bras à la longue, enfin
Je peux sans faute
Souffrir la vision première qui mit feu aux étoiles.
Traduit de l’anglais par Alain Suied
In, Dylan Thomas : « Visions et Prière et autres poèmes »
Editons Gallimard (Poésie),1991
Amour à la maison de fous
Une étrangère est venue
Partager ma chambre en la maison de travers dans ma tête,
Une fille comme les oiseaux démente
Verrouillant les ténèbres de la porte avec ses bras ses plumes,
Stricte dans le lit dédaleux
Elle dupe d’entrantes nuées la maison à l’épreuve des cieux
Dupe malgré tout de pas rôdeurs la chambre cauchemardeuse
En large libre façon de morts,
Ou chevauche les imaginaires mers des masculines tutelles.
Elle est venue possédée
Admettant l’illusoire lueur à travers l’obèse mur
Possédée par les cieux
Elle dort dans le strict bien que rôdant sur la cendre,
Bien qu’à son gré rêvante
Aux nourriciers logis de fous rodés par mes pas chemineurs.
Enfin pris de clartés en ses bras pour un cher à jamais
Je puis sans défaillir
Supporter la première vision incendiant les étoiles.
Traduit de l’anglais par Armand Robin
in Armand Robin : « Poésie non traduite. II »
Editions Gallimard, 1958
Du même auteur :
La lumière point là où le soleil ne brille pas (04/02/2015)
La colline aux fougères / Fern Hill (22/03/2016)
« Surtout quand le vent d’octobre… » / Especially when the October wind…” (30/12/2017)
De son anniversaire / On his birhtday (30/12/2018)
“ La force qui pousse la fleur... ”/ “ The force that through the green…” (30/12/2019)
Le bossu du parc / The hunchback in the park (30/12/2020)
« Reste immobile, dors dans l’accalmie... » / « Lie still, sleep becalmed... » (31/12/2022)
« N’entre pas sans violence... » / « Do not go gentle... » (31/12/2023)
Love in the asylum
A stranger has come
To share my room in the house not right in the head,
A girl mad as birds
Bolting the night of the door with her arm her plume
Strait in the mazed bed
She deludes the heaven-proof house with entering clouds
Yet she deludes with walking the nightmarish room,
At large as the dead,
Or rides the imagined oceans of the male wards.
She has come possessed
Who admits the delusive light through the bouncing wall,
Possessed by the skies
She sleeps in the narrow trough yet she walks the dust
Yet raves at her will
On the madhouse boards worn thin by my walking tears.
And taken by light in her arms at long and dear last
I may without fail
Suffer the first vision that set fire to the stars.
Death and Entrances
J.M. Dent & Sons LTD, 1946
Poème précédent en anglais :
Louise Glück : Parabole / Parable (06/12/2021)
Poème suivant en anglais :
Emily Jane Brontë : Brouillard léger sur la colline / Mild the mist upon the hill ‘06/01/2022)