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Le bar à poèmes
14 août 2024

Eugenio Montale (1896 – 1981) : Sarcophage / Sarcofaghi

 

Sarcophage

 

Où vont-elles les frisottantes jouvencelles,

Sur l’épaule portant leurs amphores remplies ?

Si léger est leur pas quand il s’immobilise ;

Au bout de leur chemin s’ouvre une combe

Dans une vaine attente

Des belles, ombragées par une treille

Aux grappes pendantes qui se balancent.

Sous le soleil qui monte

Les pentes entrevues n’ont aucune couleur.

Suave instant où la nature foudroyée,

Mère et non marâtre,

Fait prendre à ses créatures des poses

Et léviter leurs silhouettes.

Est-ce un monde en sommeil ou glorieux

D’une existence inchangée ? Qui peut le dire ?

Ö toi qui passes, donne-lui

Le surgeon le meilleur de ton jardin

Et après poursuis ton chemin, dans cette combe

Ténèbres et clarté n’ont aucune alternance.

C’est loin d’ici que ton chemin te mène

Point d’asile pour toi qui est trop mort :

Suis les étoiles dans leur révolution.

Et don adieu, frisottantes jouvencelles ;

Sur l’épaule portez vos amphores remplies.

 

 

Traduit de l’italien par Sicca Venier

In, « Poètes d’Italie, Anthologie des origines à nos jours »

Editions de la Table Ronde, 1999

Du même auteur :

« A midi faire halte …/ « Merrigiare pallido… » (10/05/2016)

La bourrasque / La bufera (14/08/2019)

Bateaux sur la Marne / Bache sulla Marna (14/08/2020)

Correspondances (08/02/2021)

« elle traversait pieds nus... » (13/08/2021)

« Ne t’abrite pas à l’ombre... » / « Non rifugiarti nell'ombra... »  08/02/2022)

Midi / « Gloria del disteso mezzogiorno... » (14/08/2022)

 Côtes de Ligurie... » / « Riviere... » (08/02/2023)

« Ne nous demande pas le verbe... » / « Non chiederci la parola... » (13/08/2023)

Quatre poèmes / Quattro poesie (08/02/2024) 

 

Sarcofaghi

 

Dove se ne vanno le ricciute donzelle,

che recano le colme anfore su le spalle

ed hanno il fermo passo sì leggero;

e in fondo uno sbocco di valle

invano attende le belle

cui adombra una pergola di vigna

e i grappoli ne pendono oscillando.

Il sole che va in alto,

le intraviste pendici

non han tinte: nel blando

minuto la natura fulminata

atteggia le felici

sue creature, madre non matrigna,

in levità di forme

Mondo che dorme o mondo che si gloria

d'immutata esistenza, chi può dire?

uomo che passi, e tu dagli

il meglio ramicello del tuo orto.

Poi segui: in questa valle

non è vicenda di buio e di luce.

Lungi di qui la tua via ti conduce,

non c'è asilo per te, sei troppo morto:

seguita il giro delle tue stelle.

E dunque addio, infanti ricciutelle,

portate le colme anfore su le spalle.

 

Ossi di seppia

Gobetti Editore, Torino, 1925

Poème précédent en italien :

Andrea Zanzotto : Bucolique / Bucolica (01/08/2024)

Poème suivant en italien :

Lapo Gianni: « Je veux, Amour... » / « Amor, eo chero... » (21/09/2024)

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