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Le bar à poèmes
22 août 2024

Arie Shamri (1907-1978) : Eté tardif

 

Eté tardif

 

Ne te hâte pas, solitude

Bien que s’éternise l’été,

La lumière a éclaté comme de l’ambre

Et le vert s’éteint sur les champs,

Seule n’est point tardive la grenade,

Seules sont mûres les pastèques

Et dans les yeux tu peux encore découvrir

Un reflet de tendresse.

 

La tente reste ouverte

Et les pommes attendent

Savoureuses et fraîches

Tapies dans l’ombre.

Là-bas sur les parterres odorants

Oints de rosée,

Règne la reine du jardin.

Elle est toute seule là-bas

Les feuilles lui murmurent

La songerie des arbres.

 

Elle est seule

Et nul ne vient vers elle,

Ni les cavaliers héroïques

Ni les nobles seigneurs,

Toi seul, faucheur fourbu.

Qui traversa les champs,

Broyé comme le grain battu.

 

Toi seul et celui qui t’escorte

Dans le regard du cœur,

Tu sauras lui prendre un baiser

Et tu emporteras la clarté de l’été

Jusqu’à l’automne, avec elle, en ta tente

 

Ne te hâte pas, solitude

 

 

Traduit du yiddish par Charles Dobzynski,

in « Anthologie de la poésie yiddish, Le miroir d’un peuple »,

Éditions Gallimard, 2000.

 

Du même auteur : Nous, de la vieille tribu (22/08/2023)

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