Wolfdietrich Schnurre (1920 – 1989) : Nouveaux poèmes 1965 – 1979 (IV) / Neue Gedichte 1965 – 1979 (IV)
Hanny Fries : Wolfdietrich Schnurre . Stylo à bille sur papier, 1962. Foto : Reto Righini. Stiftung Righini-Fries, Zurich
Nouveaux poèmes 1965 – 1979
IV
AMOUR DU RIVAGE
Au milieu du fleuve
a lieu notre rencontre
en chemin vers le Moi
de l’autre. Dans le brouillard s’éteint
le bruit de tes rames.
ACCORD
Je t’ai compris.
Tu as palpé mes mots.
A présent restons clair.
Ne rien émousser. Au contour
donner du relief. Au souffle
de la vigueur. A la pensée de la précision,
même devant le mur des condamnés
à mort.
Tu es différent.
Reste-le. Pas de concession.
Mon oreille te traduit.
Pas de complaisance. Ta
frontière me touche. Ajourne
le reste.
SCHOFAR
Sème-moi de la cendre
dans les poils de la poitrine.
Avec le creux de mon palais
partage l’œuf.
Le cor rempli de
souffle, enfouis-le
près de ma tempe .
Va trotter, bouc,
dans le désert,
chargé
des peaux
d’une métamorphose
accomplie.
L’ardent soleil
les tannera.
SABBAT
Souffle silencieux
du Rabbi Hillel à Jabné ;
conservé dans
le sac vocal ridé
du reptile,
qui, en dardant la langue,
réconcilie la vie
avec le minéral.
TRIOMPHE
D’une manière ou de l’autre ; je
m’échappe encore,
assassiné.
Phrases
en peau de chauve-souris :
dans les nuages
et perdues.
Mots comme
des poissons :
conscients du courant.
SOUTIEN
La tempête
est vaincue
par une
plume
qui lutte.
Qui
passe là,
avec
un trou
dans l’aile,
prêt à mourir
au-dessus du champ ?
ACCOMPLISSEMENT
Blotti
dans le miroir des saules.
Balancement d’ombres
lancéolées.
La sangsue pour collier.
Le vent encore
fait bouffer
l’ourlet d’une robe d’algues.
Indolente
flamboie la chevelure
autour de ce qui pour les becs de cygnes
était trop dur :
le front ;
et là-derrière
la longue nuit d’Hamlet.
ELEVATION
Au-dessus des plaines
elle palpite,
l’aile
du silence.
Dans ses plumes
il vient
le chant
silencieux.
Chante, pierre :
Toi qu’environne d’allégresse
un monde délivré de la parole,
elle t’élève
la dernière
des alouettes
ADIEU
Là-bas
d’où elle
provient
la lumière ;
issue
de la fêlure poussiéreuse
du quotidien :
dans cette direction-là
que je
me
tourne.
CONVERSION
S’élever.
Mais de haut en bas.
On a déjà
trop monté
vers le haut.
Les ressuscités.
L’aérosol. Les prières.
Cela se pelotonne, s’épaissit
autour des réacteurs.
Trouble la vue
aux météorologistes.
Les yeux des pommes de terre
voient davantage. Bien que
seul un petit nombre
risque la descente.
Tous regardaient fixement le ciel.
Se cramponnaient ferme
à la mie ; se réfugiaient
dans les semences ;
s’élançaient impatients
de nouveau vers le haut.
Mais nous avec
la croûte d’airain dans la peau,
le plomb dans les os,
cela
nous tire plus bas :
viens, Eurydice.
PREUVE
Oui, la terre insatiable.
Mais l’empreinte de l’algue
dans la pierre mille fois millénaire
garantit aussi la mémoire.
Du même auteur :
Adoration /Anbetung (28/11/2014)
Messages clandestins, poèmes 1945 – 1956 / Kassiber, gedichte 1945 – 1956 (I) (28/11/2015)
Messages clandestins, poèmes 1945 – 1956 / Kassiber, gedichte 1945 – 1956 (II) (28/11/2016)
Messages clandestins, poèmes 1945 – 1956 / Kassiber, gedichte 1945 – 1956 (III) (28/11/2017)
Harangue du policier de banlieue pendant sa ronde du matin /Ansprache des vorortpolizisten waehrend der morgenrunde (28/11/2018)
Messages clandestins, poèmes 1945 – 1956 / Kassiber, gedichte 1945 – 1956 (IV) (28/11/2019)
Nouveaux poèmes 1965 – 1979 (III) / Neue Gedichte 1965 – 1979 (III) (28/11/2020)
Nouveaux poèmes 1965 – 1979 (I) / Neue Gedichte 1965 – 1979 (I) (28/11/2021)
Nouveaux poèmes 1965 – 1979 (II) / Neue Gedichte 1965 – 1979 (II) (28/11/2022)
Neue Gedichte 1965 – 1979
IV
UNTERLIEBE
In der Mitte des Flusses
begegnen wir einander,
unterwegs zu des anderen
Ich. Im Nebel verhallt
das Geraüsch deiner Ruder.
UEBEREINKUNFT
Ich habe dich verstanden.
Du hast meine Worte befühlt.
Nun lass uns deutlich bleiben.
Nichts abschleifen, Der Kontur
Schärfe verleihen. Dem Atem
Ktraft. Dem Gedanken Genauigkeit
auch vor der Exekutionswand
des Todes.
Du bist anders.
Bleib es. Kein Zugeständnis
Mein Gehör übersetzt dich.
Kein Entgegenkommen. Deine
Grenze berührt mich. Stunde
den Rest.
SCHOFAR
Site mir Asche
ins Brusthaar.
Teile mit meiner
Mundhöhle das Ei.
Das atemgefüllte
Horn, verscharr es
neben der Schläfe.
Trab, Bock, hinaus
in die Wüsten, be-
hängt mit
den Häuten
ausgeschlagner
Verwandlung.
Die Glut
wird sie gerben.
SABBAT
Lautloser Atemzug
Rabbi Hillels in Iawne ;
aufbewahrt im
hechelnden Keslsack
der Echse,
die züngelnd
leben versöhnt mit
Gestein.
TRIUMPH
So oder so ; ich
entkomm noch,
gemordet.
Sätze aus
Fledermausfell :
In die Wolken
und weg.
Worte wie
Fische :
Strömumgsbewusst
RUECKHALT
Der Sturm
besiegt
von einer
fechtenden
Feder.
Wer
streicht da,
mit der
Lücke
im Flügel,
sterbensbereit
übers Feld ?
ERFUELLUNG
Gebettet in
den Spiegel der Weiden.
Schaukeinde Schatten,
lanzetthaft,
Den Egel als Halsband.
Aufbauscht
der Wind noch
den algigen Kleidsaum.
Träg
umlodert das Haarvlies,
was den Schwanenschnäbeln
zu hart war :
Die Stirn ;
und dahinter
die lange dNacht Hamlets
AUFSTIEG
Ueber die Ebnen
zuckt sie,
die Schwinge
des Schweigens.
In Federn
kommt es,
das lautlose
Lied.
Sing, Stein :
Umjubelt
von Sprachlosigkeit,
erhebt dich
die letzte
der Lerchen.
ABSCHIED
Dorthin,
wo er
herkommt,
der Glanz ;
aus der
Staubritze
des Alltags :
Nur
dorthin
wend ich
mich
um.
UMKEHR
Steigen,
Aber hinab.
Hinauf
ist schon
zuviel gestiegen :
Die Auferstandenen
Der Spray. Die Gebete.
Das balt sich, verdickt
um die Düsen. Trübt
den Meteorologen
den Blick.
Kartoffelaugen
sehn mehr. Obwohl
den Abstieg
nur wenige wagten.
Alle starrien hinauf.
Krallten sich fest
an der Krume ; flohn
in den Samen ;
schossen drängend
wieden empor.
Uns aber mit
der Erzkruste im Pelz,
dem Blei in den Knochen,
uns
zieht es tiefer :
Eurydike, komm.
BEWEIS
Ja, die unersättliche Erde.
Aber der Abdruck der Alge
Im millionenjährigen
verbürgt auch Gedenken.
Kassiber und neue Gedichte,
Ullstein Buch, Berrlin, 1979 et 1982
Poème précédent en allemand :
Uwe Kolbe : Pour Allen Ginsberg, décédé le 5 avril 1997 / Für Allen Ginsberg, gestorben am 5. April 1997 (23/09/2023)
Poème suivant en allemand :
Achim von Arnim : Le cerisier / Der Kirschbaum (13/12/2023)