Khayr al-Din al-Asadi (1900- 1971) / خير الدين الأسدي : Sourate d’Iyäz
Photo : Aleppo Geographic
Sourate d’Iyäz
(extrait)
Au nom de Dieu par qui mon bateau vogue sur une mer de vin,
au nom de Dieu par qui il s’amarre sur un rivage de paix
les brises de la miséricorde dotées d’un souffle chrétien
se sont levées et ont annoncé qu’est venue la saison de la gaieté
ô mon doux, sers-moi ce qui, tels des vols d’oiseaux divins,
envoûtant, étanche la soif et erre ici et là dans les méandres du cœur
laisse-nous
entrer en gaieté, nous griser, danser, remuer
nos têtes et frapper des mains et des pieds
que les jonchées de chants dansent avec les jonchées de beauté,
quel plaisir alors le visage d’Iyäz lorsqu’il bat la cadence
au rythme des mélodies divines
le lieu de la danse foisonne d’yeux éclatants
qui puisent bien-être et la joie dans la béatitude
ô laurier du domaine ! roses du matin ! provisions
de la passion ! ô vendeur de subtiles douceurs !
le trône de ma fierté est dans la terre de tes seuils
ô supplice de mon âme ! Je me consume d’amour
m’éclairant à la lumière de la bougie du Turkestan
l’union nous prendra-t-elle en son sein
le désir s’enflammera-t-il sur la braise des lèvres ?
il est permis à mon cœur d’embraser le rubis
que recèlent les lèvres
Iyäz-balançoire des désirs ! Cri de soif du feu attisé
ô jaillissement d’eau ardente ! Mes yeux
jettent leurs pierres précieuses sur le chemin de ta pétulance
toi le svelte ! Ô toi le svelte ! Toi le gracieux ! J’ai bu la poésie
de tes braises à la coupe de l’aurore et les ombres
de mes visions se sont allongées
de quelles pierres précieuses – ô grâce de mon œil –
a été façonné le miroir de ta beauté si la flamme
de mes soupirs n’a pu le fondre.
Traduit de l’arabe par Saleh Diab
in, « Poésie syrienne contemporaine. Edition bilingue »
Le Castor Astral, éditeur, 2018
Du même auteur : Sourate de la distillation (24/04/2024)