Monchoachi (1946 -) : Le lointain (X)
Le lointain
Dédié à Georges B.MAUVOIS
« La grandeur de la proximité
ne se mesure pas suivant
la petitesse d’une distance, mais
suivant l’ampleur du lointain »
Quel
qui de loin nous vient
Et mène loin,
Et jamais seul,
Compère conné, compère cõnnin,
Lape lape eau
Parole
Avec nous marche marche chemine
Trace ouvre
Monde lhorizon
Parole
A écouter du plus lointain qu’elle vient
Dans une lumière sûre
Dire
Montrer l’à-paraître
Appeler lointain encore inapparent
Hors à s’absenter ou à se déliter
Après que le Proche eut été dévoyé
A tel,
Tel présentement
En le sans distance ni mesure
X
Nègue-feille
Longue cascade de sons,
La voix comme parle le tambour
qui sait le récit
qui l’a entendu et appris.
Seigneur de l’oreille, Maître de l’œil et de la bouche creuse,
Nourri selon le rite,
Bouche qui a valé la magie,
Qui a saisi les Puissances,
dans les bouches des aïeux pris possession des confins
lié des myriades.
La voix qui harpe le message de l’oracle
sous l’œil du destin compté l’année soûle
charme magie beauté
lumière
Voix des sans-bouches qui sourd des rhombes,
Voix qui court sur les eaux, ébranle la montagne
Elle exulte, elle chancelle elle culbute
Voix juste de voix
Fait sortir la couronne scintillante au sommet du Lointain,
Bouche-termitière d’où partent fils,
jeux ficelles,
jactance,
bois-chèche,
voix forte dans contrée lumière
roule dans le val
plonge dans l’abysse
monte dans l’air,
tombe dans
VIDE
ô, amour qu’on porte est amour du jour
Amour qui vous porte est amour de toujours »
Le dessein est tout dans la matrice.
Corps creusé, évidé
tit brin bòsco,
tit brin bosssi,
Arc muical bossi corps dare-dare
Creux comblé de belle pauvreté,
Corps allégé du lãnmisè bésoin bisoin
Lanières tendues, c l a i r i è r e s o u v e r t e s, pleine intensité sonore,
vibré dans la hauteur,
C’est lui qui est lui
et vice versa
Paraite en tant que,
lui en tant que lui
est apparu,
C’est lui que lui
et lui-même que lui,
Et les filles qui émergent une à une à la lune
Mettent leur corps à danser,
Se posent sur le corps avec les rêves,
Filles belles comme feuilles d’ègbési,
peau lisse lisse saupoudrée d’osun,
Feuille pubienne ôtée,
Noix kola ouvertes aux rives du fleuve
Passage frayé
Paroles en harmonie
pour réveiller toutes choses
voix OJA dans orage
le savoir : un feuillage,
La tête est un feuillage, O ja eh !
Nègue-fèille en-bas fèille.
La paix est dans la cour : salutation
Offrande pour glorifier sans empêchement
ni amoindrissement,
Tous les chemins sont ouverts
Partition noire et bleue (Lémisté 2)
Editions Obsidiane, 2015
Du même auteur :
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