Giovambattista Marino (1569 - 1625) : Au Sommeil / Al Sonno
Au Sommeil
Toi, enfant du Silence et de la Mort,
Père de visions, fictives et charmantes,
C’est sur tes pas sans bruit, Sommeil aimable,
Qu’au Ciel d’Amour souvent montent nos âmes ;
Lorsque chacun, sauf moi, au sein des ombres,
Légères et clairsemées, se repose et dort,
Laisse, je t’en prie, les grottes cimmériennes
Et l’Erèbe, aussi noir que mes pensées,
Et viens consoler mon désir inassouvi
Avec ton oubli, doux et tranquille, et avec
Son beau visage qui me ravit et m’apaise.
Mais, faute de jouir en toi de son image
Dont je suis fort épris, je jouirai du moins
De celle de la Mort, objet de mon désir.
Traduit de l’italien par Sicca Vernier
in, « Poètes d’Italie. Anthologie, des origines à nos jours »
Editions de la Table Ronde, 1999
Du même auteur :
Ciel et mer / Tanquillita notturna (22/11/2019)
Polyphème et Galatée (22/11/2020)
« Silence, ô Faunes... » / « Silenzio, o fauni... » (22/11/2021)
Esclave / Schiava (22/11/2023)
Madrigaux (5, 7, 8, 11, 12, 17, 27, 30, 32, 35, 38, 39, 42, 46 (22/11/2024)
Al Sonno
O del Silenzio figlio e de la Notte,
padre di vaghe imaginate forme,
Sonno gentil, per le cui tacit’orme
son l’alme al ciel d’Amor spesso condotte,
or che ’n grembo a le lievi ombre interrotte
ogni cor, fuor che ’l mio, riposa e dorme,
l’Erebo oscuro, al mio pensier conforme,
lascia, ti prego, e le cimerie grotte.
E vien’ col dolce tuo tranquillo oblio
e col bel volto, in ch’io mirar m’appago,
a consolare il vedovo desio.
Che, se ’n te la sembianza, onde son vago,
non m’è dato goder, godrò pur io
de la morte, che bramo, almen l’imago.
Poème précédent en italien :
Giuseppe Ungaretti : Ironie / Ironia (01/11/2022)
Poème suivant en italien :
Giacomo Leopardi: Le passereau solitaire / Il passero solitario (20/12/2022)