Giovambattista Marino (1569 - 1625) : Esclave / Schiava
Gravure (Ecole allemande). Private Collection / bridgemanimages.com
Esclave
Noire, oui, pourtant tu es belle entre les belles
Ô prodige charmant de nature et d’amour ;
Près de toi l’aube est grise, et la pourpre et l’ivoire
Sont surpassés et obscurcis par ton ébène.
Quand donc, où donc le monde antique ou celui-ci
Ont-ils pu voir jamais, ont-ils jamais senti
Clarté si vive issue d’une encre ténébreuse,
Ou d’un bois calciné jaillir si pure flamme ?
Asservi à qui m’est servante, j’ai le cœur
Désormais tout entravé de tel lien sombre
Que nulle blanche main ne saura dénouer.
Soleil, là où ton feu brûle plus fort, est né
Pour ta honte un soleil, tel qu’en sa belle face
La nuit s’étend, et qu’en ses yeux brille le jour.
Traduit de l’talien par Maurice Javion
1n, « Anthologie bilingue de la poésie italienne »
Editions Gallimard (Pléiade), 1994
Du même auteur :
Ciel et mer / Tanquillita notturna (22/11/2019)
Polyphème et Galatée (22/11/2020)
« Silence, ô Faunes... » / « Silenzio, o fauni... » (22/11/2021)
Au Sommeil / Al Sonno (22/11/2022)
Madrigaux (5, 7, 8, 11, 12, 17, 27, 30, 32, 35, 38, 39, 42, 46 (22/11/2024)
Schiava
Nera sì, ma se’ bella, o di Natura
Fra le belle d’amor leggiadro mostro ;
Fosca è l’alba appo te, perde e s’oscura
Presso l’ebeno tuo l’avorio e l’ostro.
Or quando, or dove il mondo antico o il nostro
Vide sì viva mai, sentì sì pura,
O luce uscir di tenebroso inchiostro,
Odi spento carbon nascere arsura?
Servo di chi m’è serva, ecco ch’avolto
Porto di bruno laccio il core intorno,
Che per candida man non fia mai sciolto.
Là ’ve più ardi, o sol, sol per tuo scorno
Un sole è nato, un sol che nel bel volto
Porta la notte, et ha negli occhi il giorno.
La lira
Ciotti, Venezia,1614
Poème précédant en italien :
Giuseppe Ungaretti : Somnolence / Sonnolenza (01/11/2023)
Poème suivant en italien :
Giacomo Leopardi :Le calme après l’orage / La quiete dopo la tempesta (20/12/2023)