James Sacré (1939 -) : « Parfois l’âne arrive... »
Parfois l’âne arrive
Avec des mots sous ses sabots
Comme de la poussière ou de la boue à cause
De là d’où il vient et de par là où il est passé.
Le poème qui n’attendait pas sa parole
A pensé qu’il pourrait s’en saisir
Mais brille-t-elle pas mieux la donnée
Dans sa forme détachée
Comme, je m’en souviens, la terre
Des gros souliers de mon père secouée
Au bout d’un champ ou bien
Avant d’entrer dans la maison ? Le poème
Si mal capable d’accepter
Le vivant d’à côté.
On imagine en général
Que l’âne aime à se tenir
Dans des paysages rudimentaires
Parmi les pâtis courts, les chemins de terre
Et beaucoup de murets mal entretenus,
Des buissons (à peine si bientôt
Les gens sauront à quoi çà sert un buisson
Et quel travail il faut pour).
L’âne disparaît dans des images qu’on ne comprend plus.
Or le voilà qui t’attendait
Au bord de l’océan. Tranquille ou cabriolant, jetant
Le passé (comme une ancienne poupée retrouvée)
Dans le présent d’un futur qu’on sait d’un coup
Qu’il ne va pas tout changer.
Âneries pour mal braire
Tarabuste Edition, 36170 Saint-Benoît-du-Sault
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