James Sacré (1939 -) : Deux rushes de quinze vers chacun
Deux rushes de quinze vers chacun
Souvent surgit un paysage
Parce que ton œil le regarde.
Plan fixe longtemps de ton regard
(Mais déjà de l’ombre et de la lumière y bougent)
Ou long travelling parti d’un feuillage d’érable,
le poème passe
Du nom d’un arbre, de couleurs qui sont là,
A des souvenirs d’avoir connu de petites villes éparses
Dans leur campagne forestière (c’était la Nouvelle Angleterre,
Northampton, Hadley, Hatfield ou Buckland),
Passe des sentiments d’être toujours
Parmi de grands arbres d’une enfance au Poitou, puis se perd
En des réflexions qui sont plutôt des rêveries
Sur ce qu’est la poésie quand la voilà qui se propose en mots :
Le mouvement d’écrire focalise mal à la fin, s’arrête
Avec le phrasé devenu flou des quinze vers d’un poème.
*
A chaque fois c’est comme un minuscule court-métrage
Plutôt qu’une musique (une quand même qui accompagne
Ce mouvement d’en allée des mots,
Mais si volatile et jamais bien la même
Quand on l’écoute à nouveau.) En fait
Ça n’est pas non plus bien précis ce que filme le poème :
Les images se troublent parce que les mots pensent
Et de vagues sentiments bougent
Dans le désir qu’a le poème
De continuer son avancée
Jusqu’à peut-être à nouveau
Quelque chose comme quinze vers mis ensemble
A la faveur somme toute ici
D’images absentes (on ne sait pas ce qu’on filme)
Et de la seule musique des mots
In, « Poésie et cinéma »
Revue « Bacchanales N°56 –Octobre 2016 »
Maison de la poésie Rhône-Alpes, 38400 Saint-Martin-d’Hères
Du même auteur :
Trois figures qui bougent un peu (19/03/2015)
Presque rien à Sidi Slimane, le temps qui vient (07/06/2018)
Paysage au fusil (coeur) une fontaine) (I) (07/06/2019)
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Paysage au fusil (coeur) une fontaine) (III) (07/06/2020)
Paysage au fusil (coeur) une fontaine) (IV) (07/06/2021)
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