Friedrich Hölderlin (1770 - 1843) : La moitié de la vie / Hälfte des Lebens
La moitié de la vie
Lourde de poires jaunes
Et pleine de roses sauvages
La terre est penchée sur le lac,
Et vous, cygnes charmants,
Enivrés de baisers,
Vous trempez votre tête
Dans l’eau sobre et sacrée.
Où, malheureusement, irai-je prendre,
Quand vient l’hiver, les fleurs, où
L’or du soleil,
Et l’ombre de la terre ?
Les murs sont là
Muets et froids, dans le vent
Les bannières tintent (1).
Traduit de l’allemand par Jean-Pierre Lefebvre
In, « Anthologie bilingue de la poésie allemande »
Editions Gallimard (La Pléiade), 1995
(1) "Tintent les drapeaux"
in, « Hölderlin »
Les Cahiers de l’Herne
Editions de l’Herne, 1989
Moitié de la vie
Suspendue avec des poires jaunes
Remplie de roses sauvages,
La terre sur le lac.
Et vous merveilleux cygnes ivres de baisers
Trempez la tête dans l’eau saint et sobre.
Malheur à moi ! où les prendrai-je moi
Quand ce sera l’hiver, les roses ?
Où le miroir du soleil
Avec les ombres de la terre ?
Les murs s’élèvent sans parole et froids
Et les enseignes grincent dans le vent.
Traduit de l’allemand par Pierre Jean Jouve et Pierre Klossowski
in, « Poèmes de la folie de Hölderlin »
Editions J.O. Fourcade, 1930
Du même auteur :
« Je connais quelque part un château-fort… » / « Das alte Schloss zu untergraben … » (14//02/2015)
Ainsi Ménon pleurait Diotima /Menons Klagen um diotima (14/02/2016)
Le Pays / Die Heimat (06/02/2017)
Chant du destin d’Hypérion / Hyperions Schickalslied (06/02/2018)
Fantaisie du soir / Abendphantasie (06/02/2019)
En bleu adorable / In lieblicher Bläue (06/02/2020)
« Comme, lorsqu’au jour de fête... » / « Wie wenn am Feiertage... » (06/02/21)
Fête de la paix / Friedensfeier (01/08/2021)
Pain et vin / Brot und wein (06/02/2023)
Patmos (06/02/2024)
Hälfte des Lebens
Mit gelben Birnen hänget
Und voll mit wilden Rosen
Das Land in den See,
Ihr holden Schwäne,
Und trunken von Küssen
Tunkt ihr das Haupt
Ins heilignüchterne Wasser.
Weh mir, wo nehm’ ich, wenn
Es Winter ist, die Blumen, und wo
Den Sonnenschein,
Und Schatten der Erde?
Die Mauern stehn
Sprachlos und kalt, im Winde
Klirren die Fahnen.
Poème précédent en allemand :
Clemens Brentano : « Il y a longtemps ce me semble... » / « Es sang vor langen Jahren... » (29/01/2022)
Poème suivant en allemand :
Friedrich Nietzche : Venise /Venedig (07/02/2022)