Ilarie Voronca (1903 – 1946) : « Sous nos fenêtres les jardins... »
Huile sur toile de Victor Brauner
Sous nos fenêtres les jardins dévastés du couchant
L’été avant de s’en aller a laissé ses parures
Je vois plus loin les bagues des vignobles et l’automne
Comme un graveur sur or se penche sur les feuilles.
Qu’y aurait-il d’étonnant si tu ouvrais la porte ?
Mon âme est telle que tu l’as laissée en partant
Comme la chambre d’une disparue où tout est à sa place
Pour y trouver ta voix inchangée ton visage.
Certes, je ne suis pas seul à regarder ce jour
Qui s’éloigne avec les reflets de septembre
Le soir luit déjà comme un sel sur les routes
Où montent les étoiles et les troupeaux anciens.
Allons nous promener encore au crépuscule
Si l’on te croit très loin, si nul ne sent ton souffle
Les cailloux du sentier reconnaîtront ton pas
Sonnant au fond du mien comme un battant de cloche.
Contre-solitude
Editions Bordas, 1946
Du même auteur :
Mon peuple fantôme (08/06/2015)
Eloge du silence (08/06/2016)
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