Miguel D’ors (1946 -) : Ville en moi / (Saint-Jacques) / Ciudad en mí (Santiago)
Ville en moi
(Saint-Jacques)
Ville étrange, belle et laide à la fois.
ROSALIA DE CASTRO, En las orillas del Sar,
« Santa Escolastica », III, 1.
Je n’ai pas choisi : j’ai ouvert les yeux
et la pluie était la pluie, nuit et pierre, et rien
que l’humide reflet d’une lanterne de gemme ;
je n’y peux rien si mes rêves ont été peuplés
de coups de cloche gris, de mousse, de parapluies
liturgiques, de ces nuages de pierre ;
et je n’y peux rien si cette mélancolie
a été ma patrie de naissance, l’habitude
de mes années sauvages ; et si maintenant
je porte au-dedans de moi cette pluie, pluie
et pluie qui rendait
- ... mardi, mercredi, jeudi... – pensives
les pierres de Saint-Jacques.
28-XI-75
Traduit de l’espagnol par Claude de Frayssinet
In, « Poésie espagnole, Anthologie 1945 – 1990 »
Actes Sud / Editions Unesco, 1995
Du même auteur :
« Comment appeler l’oiseau... » (21/11/2019)
Il ne faut pas te leurrer / No intentes engañarte (21/11/2020)
Pluie / Lluva (21/11/2022)
Un alphabet magique (21/11/2023)
Où il raconte sa vie (30/06/2024)
Ciudad en mí (Santiago)
Ciudad extraña, hermosa y fea a un tiempo.
Rosalía de Castro, En las orillas del Sar,
Santa Escolástica, III, 1
Yo no pude elegir: abrí los ojos
y la vida era lluvia y noche y piedra, y sólo
el húmedo reflejo de un farol gemebundo;
yo no tuve la culpa si invadieron mis sueños
las campanadas grises, el musgo, los paraguas
litúrgicos, aquellas nubes pétreas;
yo no tengo la culpa si esa melancolía
fue mi patria nativa, la costumbre
de mis años silvestres; y tampoco si ahora
llevo conmigo, dentro, aquella lluvia y lluvia
y lluvia que ponía
-...martes, miércoles, jueves...- pensativas
las piedras de Santiago.
Ciego en Granada
Editorial Gómez, Pamplona (España),1975
Poème précédent en espagnol :
Blas de Otero : Fidélité : Fidelidad (02/11/2021)
Poème suivant en espagnol :
Federico Garcia Lorca : La ballade de l’eau de mer / La balada del agua del mar (19/12/2021)