Carlos Edmundo de Ory (1923 – 2010) : Machine de douleur / Máquina de dolor
Machine de douleur
Mon être est une machine de douleur
qui fonctionne depuis un long temps
j’ai un moteur moderne dans mes entrailles
que personne ne peut entendre ni voir
Je fais un bruit énorme en me réveillant
et tout le jour je rejette une horrible fumée
comme un train sans freins sur une voie
cachée dans un long tunnel sous la mer
Je purge ma peine d’être humain
et mon destin est une locomotive
qui n’épuise pas sa charge de charbon
La nuit venue je suis une baleine
dans un rêve grandiose et sous-marin
où mon cœur nage en toute félicité
Paris, 20 janvier 1962
Traduit de l’espagnol par Claude de Frayssinet
In, " Poésie espagnole, anthologie 1945 – 1990 "
Actes Sud / Edition Unesco,1995
Du même auteur :
« Il semble que l’homme souffre... » / « Parece ser que el hombre sufre... » (24/09/2022)
Dithyrambe du gaditan (24/09/2023)
La maison morte (24/09/2024)
Máquina de dolor
Máquina de dolor es ya mi ser
y mucho tiempo hace que funciona
tengo un motor moderno en mi persona
que nadie puede oír ni puede ver
Hago un ruido enorme al despertar
y echo un humo espantoso todo el día
igual que un tren sin freno en una vía
oculta en largo túnel bajo el mar
Humanamente cumplo una condena
y una locomotora es mi destino
que no agota su carga de carbón
Sólo de noche soy una ballena
en un grandioso sueño submarino
donde nada feliz mi corazón
Los sonetos
Editorial Taurus, Madrid, 1963
Poème précédent en espagnol :
Miguel de Unamuno : Pour après ma mort / Para después de mi muerte (23/07/2021)
Poème suivant en espagnol :
Claudio Rodríguez : L’embauche des gamins / « Qué estáis haciendo aquí?.. » (04/10/2021)