Pir Sultan Abdal (1480 - 1550) : « Cette année, la neige... »
Cette année, la neige ne fondra pas
le vent du matin souffle, mauvais.
Les Turkmènes ne s’en iront pas vers le plateau
la tribu est décimée, elle est comme brisée.
Comme le Kizil-Yrmak, j’ai roulé en mugissant
j’ai frappé ma poitrine, j’en ai brisé la digue.
J’ai atteint la vigne du chevreuil au visage de rose
je suis entré en son jardin, la rose en était comme brisée.
Ma main est impuissante à ramasser ses roses
ma langue impuissante à s’enquérir d’elle
pour donner un sens aux quatre questions
mon saz ne chante plus, la corde comme brisée.
O mon Pir Sultan, ai-je été créé pour être esclave ?
était-ce pour mourir de la main d’un cruel Pacha ?
mon Ami m’a demandé de l’aller voir
j’irai, mais le chemin semble comme brisé.
Traduit du turc par Gérard Chaliand
in, « Poésie populaire des turcs et des kurdes »
François Maspero éditeur, 1961
Du même auteur :
« Ne chante plus rossignol ... » (26/08/2019)
« Ne te détourne point ... » (26/08/2020)
« On me dit de rire... » (26/08/2022)