Jean-Luc Raharimanana (1967 -) : « J’attends qu’en mon âme... »
VII
J’attends qu’en mon âme se lève le chant.
J’attends que la mort m’entame son chant d’appel et d’amour,
qu’elle glisse sa voix d’au-delà de l’horizon et me la coule tout au fond de
l’être.
Je voudrais en moi l’ingurgiter en moi la sentir remonter de la gorge, palper
la langue, flatter la salive, séduire la bouche.
Et la déchirer, la déchiqueter avec mes dents, la réduire en bouillie, la cracher
agonisante sur le sable.
Mon cœur bat.
Depuis longtemps, il battait la mesure de ma vie.
Comme un son de tam-tam qui résonne dans les savanes et qui trahit la présence
d’une vie.
Au loin
répond le chant de la mort.
Je l’attends.
Il viendra infailliblement. Le battement du cœur est un appel à la mort.
Silence.
Je remets au vent son souffle puis l’attrape de nouveau.
J’attends que lassé, le vent me passe le souffle de la mort. J’ai rattrapé le
silence et m’en suis couvert comme d’un linceul exquis.
L’aube s’égoutte lentement, nous imbibe d’ombres et de fades couleurs.
In, Revue « Poésie 1, N°21, mars 2000 »
Le cherche midi éditeur, 2000