Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le bar à poèmes
22 mai 2021

Jean-Luc Raharimanana (1967 -) : « J’attends qu’en mon âme... »

artworks-000513401808-2gz5zj-t500x500[1]

VII

 

J’attends qu’en mon âme se lève le chant.

J’attends que la mort m’entame son chant d’appel et d’amour,

qu’elle glisse sa voix d’au-delà de l’horizon et me la coule tout au fond de

     l’être.

Je voudrais en moi l’ingurgiter en moi la sentir remonter de la gorge, palper

     la langue, flatter la salive, séduire la bouche.

Et la déchirer, la déchiqueter avec mes dents, la réduire en bouillie, la cracher

     agonisante sur le sable.

Mon cœur bat.

Depuis longtemps, il battait la mesure de ma vie.

Comme un son de tam-tam qui résonne dans les savanes et qui trahit la présence

     d’une vie.

Au loin

répond le chant de la mort.

Je l’attends.

Il viendra infailliblement. Le battement du cœur est un appel à la mort.

Silence.

Je remets au vent son souffle puis l’attrape de nouveau.

J’attends que lassé, le vent me passe le souffle de la mort. J’ai rattrapé le

      silence et m’en suis couvert comme d’un linceul exquis.

L’aube s’égoutte lentement, nous imbibe d’ombres et de fades couleurs.

 

In, Revue « Poésie 1, N°21, mars 2000 »   

Le cherche midi éditeur, 2000

Commentaires
Q
Très beau et profond. On voudrait ainsi "déchirer la mort à belles dents", mais pour moi un Autre s'en est chargé en mourant sur une Croix.<br /> <br /> J'aime ce poème, merci.
Répondre
Le bar à poèmes
Archives
Newsletter
108 abonnés