Helder Moura Pereira (1949 -) : J’entends mes pas
J’entends mes pas, le bruit
filtré par les feuilles des arbres
entre les grilles qui empêchent de voir.
La faible lumière à claire-voie et les ombres
guident le visage, je touche des objets
qui appartiennent au voisinage du corps.
J’éteins doucement toutes les lumières
de la maison et je dis : mon ami.
Les mots rappellent la voix, la voix
les mots, je demande quel temps
était celui-là, comment en tuer
la raison, dont j’ai usé le silence
féroce. Je brise sur la table
la mine des crayons, je range
lentement des feuilles éparses, une
sur la table, une autre avec du sparadrap
collée au mur, je ferme la boiserie
des fenêtres. J’attends que descende
sur mes yeux le rideau
du temps, alors je n’aurai plus de vers
ni de souvenirs.
Traduit du portugais par Michel Chandeigne
in, « Anthologie de la poésie portugaise contemporaine 1935 -2000 »
Editions Gallimard (Poésie), 2003