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Le bar à poèmes
26 avril 2020

Johannes Bobrowski (1917 – 1965) : Tour de voiture / Wagenfahrt

johannes_bobrowski[1]

 

Tour de voiture

 

Belle lune de Mariampol ! Sur la lisière

de chaume, ma petite cité,

derrière les baraques

elle monte,

lourde, pesante et comme

parfois retombant un peu. Ainsi va

le marchande de chevaux, il achète

pour sa mère un foulard à frange.

 

Le soir,

tard,

ils ont chanté tous les deux. Nous sommes

rentrés chez nous en traversant la rivière,

sur le bac on entendait, comme l’eau,

passer, légers, des mots échangés

de gens se hélant, s’appelant –

nous l’avons entendue longtemps

au-dessus de la ville

là-haut dans les clochers, nous l’avons entendue,

la lune juive. Elle est

comme dans le coin du jardin la petite

herbe de larmes et de baisers

la rue (*) odorante, nos filles

la cueillent.

 

Viens, Joneleit, ne perds pas

ton foulard. Les vieux dorment.

Encore une nuit,

qui a fini de chanter.

 

(*) : plante aromatique et médicinale

 

Traduit de l’allemand par Jean-Pierre Lefebvre

In, « Anthologie bilingue de la poésie allemande »

Editions Gallimard (La Pléiade), 1995

Du même auteur : Musique de village / Dorfmusik (26/04/2021)

 

Wagenfahrt

 

Schöner Mond von Mariampol!  Auf deinem

strohernen Rand, mein Städtchen,

hinter den Buden

kommt er herauf,

schwer, und hängt ein wenig

nach unten durch. So geht der

Pferdehändler, er kauf

tseiner Mutter ein Fransentuch.

 

Abends

spät

sangen die beiden. Wir fuhren

über den Fluß nach Haus,

an der Fähre mit Ruf und Zuruf

ging Gerede wie Wasser

leicht –

und wir hörten ihn lang

über der Stadt,

droben in Türmen, hörten

den jüdischen Mond. Der ist

wie im Gartenwinkel das kleine

Kraut aus Tränen und Küssen,

Raute, unsere Mädchen

brechen es ab.

 

Joneleit, komm, verlier dein

Tuch nicht. Die Alten schlafen.

Ausgesungen wieder

ist eine Nacht.

 

Sarmatische Zeit

Deutsche Verlags-Anstalt, Stuttgart (Allemagne), 1961

 

Poème précédent en allemand :

Peter Huchel : Le moissonneur polonais / Der polnische schnitter (16/04/2020)

Poème suivant en allemand :

Heinrich Heine : « Le pâle soir descend sur la mer... »  / « Abendlich blasser wird es am Meer (16/06/2020)

 

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