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Le bar à poèmes
26 avril 2021

Johannes Bobrowski (1917 – 1965) : Musique de village / Dorfmusik

Bobrowski_Johannes600[1]

 

Musique de village

 

Dernier bateau que je prends

sans chapeau sur mes cheveux

blanc dans quatre planches de chêne

avec ma brassée de rue

et tous mes amis autour

       l’un soufflant dans la trompette

       et l’autre dans le buccin.

Bateau ne me sois pas trop lourd

écoute les autres parlent fort :

tel a construit sur du sable – crie

 

de l’arbre du puits la corneille,

de l’arbre sans branche crie : malheur !

de l’arbre nu sans écorce :

enlevez-lui son cadeau

prenez son rameau de rue

       mais la trompette résonne

       mais résonne le buccin

personne ne m’a attrapé

tous disent : il quitte le temps

et ne s’en va pas bien loin

 

Donc je le sais et je pars

sans chapeau sur mes cheveux

lueur de lune sur barbe et sourcil

ayant vécu, épuisé toute moquerie

j’écoute un coup aussi là-haut

       car la trompette retentit

       car retentit le buccin

et la corneille crie de loin

je suis là où je suis : dans le sable,

mon brin de rue dans la main

 

Traduit de l’allemand par Jean-Pierre Lefebvre

In, « Anthologie bilingue de la poésie allemande »

Editions Gallimard (La Pléiade), 1995

Du même auteur : Tour de voiture / Wagenfahrt (26/04/2020)

 

Dorfmusik

 

Letztes Boot darin ich fahr

keinen Hut mehr auf dem Haar

in vier Eichenbrettern  weiß

mit der Handvoll Rautenreis

meine Freunde gehn umher

       einer bläst auf der Trompete

       einer bläst auf der Posaune

Boot werd mir nicht überschwer

hör die andern  reden laut :

dieser hat auf Sand gebaut

 

Ruft vom Brunnenbaum die Krähe

von dem ästelosen : wehe

von dem kahlen ohne Rinde :

nehmt ihm ab das Angebinde

nehmt ihm fort den Rautenast

       doch es schallet die Trompete

       doch es schallet die Posaune

keiner hat mich angefaßt

alle sagen : aus der Zeit

fährt er und er hats nicht weit

 

Also weiß ichs und ich fahr

keinen Hut mehr auf dem Haar

Mondenlicht um Brau und Bart

abgelebt zuendgenarrt

lausch auch einmal in die Höhe

       denn es tönet die Trompete

       denn es tönet die Posaune                                                     

und von weitem ruft die Krähe

ich bin wo ich bin : im Sand

mit der Raute in der Hand

 

Sarmatische Zeit

Deutsche Verlags-Anstalt, Stuttgart (Allemagne), 1961

Poème précédent en allemand :

Peter Huchel : Znorovy (16/04/2021)

Poème suivant en allemand :

Heinrich Heine : Les tisserands de Silésie /Die schlesischen Weber (16/06/2021)

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