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Le bar à poèmes
9 mars 2020

Jacques Gaucheron (1920 – 2009) : Comme

_20Jacques_Gaucheron_1_Portrait par Boris Taslitzky

 

Comme

 

Il y aurait comme un paysage à n’en plus finir

Champs et prairies

Herbe sauvage et terre brunie

 

Il y aurait comme une rive

Et coulerait une rivière oisive

Avec de longues plantes longuement

Peignées par le courant

 

Dans la rivière il y aurait un ciel

Avec des désirs de nuages blancs

Et ce serait comme une fuite éperdue

Comme un glissement d’eaux fraîches

 

Il y aurait comme un paysage à n’en plus finir

Une montagne aux épaules blanches

Intangibles

Echancrure de l’infini

Limite d’un territoire solennel

 

Et puis tout se retournerait

Dans la courbure entiédie de la nuit

Il y aurait des plantes aquatiques

Dans le dévalement inverse des montagnes

Il n’y aurait plus ni haut ni bas

Ni dehors ni dedans

 

Et tout s’envolerait dans un tourbillon

Et tout se roulerait dans un déroulement

Comme vague à la mer

Déferlement de la lumière

dans un prisme de couleur

 

*

Un inconnu qui court la ville

Tous les loups de la nuit déchirent son regard

 

Passant presque invisible

Tous les masques lui vont

Il en perd la raison

 

C’est comme si la brume ou la pluie

S’habillait en femme nue

dans les vitrines de l’aube.

 

*

Cette eau qui fuit nos mains poreuses

Ces fleurs qui fanent sous nos doigts

Cette étoile qui fonce vers nulle part

Comme c’est toujours comme et nous

Nous écoulons entre nos rives.

 

A nous deux l’amour

Les Editeurs Français Réunis,1977

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