Dylan Thomas (1914 – 1953) : “ La force qui pousse la fleur... ”/ “ The force that through the green…”
La force qui pousse la fleur dans la verdeur
Pousse ma verdeur ; qui dévaste les racines des arbres
Est mon dévastateur.
Et je suis muet pour dire la rose tordue
Ma jeunesse courbée par la même fièvre hivernale.
La force qui pousse l’eau parmi les rocs
Pousse mon sang rouge, tarit les eaux jaillissantes.
Fige les miennes en cire.
Et je suis muet pour puiser à mes veines
Comme la même bouche puise au torrent de montagne.
La main qui fait tourbillonner les eaux dans la mare
Trouble le sable mouvant, qui enchaine le souffle du vent
Gonfle la voile de mon linceul.
Et je suis muet pour dire le pendu
Et le ciment que le bourreau fait de ma glaise.
Les lèvres du temps sucent la tête de la fontaine comme des sangsues ;
L’amour goutte à goutte se rassemble, mais le sang épandu
Apaisera son mal.
Et je suis muet pour dire la saison du vent
Et le ciel que le temps tisse autour des étoiles.
Et je suis muet pour dire la tombe de l’amant
Et le ver tout pareil qui se tortille et rampe vers ma couche.
Traduit de l’anglais par Hélène Bokanowski
In, « Anthologie bilingue de la poésie anglaise »
Editions Gallimard, (La Pléiade), 2005
Du même auteur :
La lumière point là où le soleil ne brille pas (04/02/2015)
La colline aux fougères / Fern Hill (22/03/2016)
« Surtout quand le vent d’octobre… » / Especially when the October wind…” (30/12/2017)
De son anniversaire / On his birhtday (30/12/2018)
Le bossu du parc / The hunchback in the park (30/12/2020)
Amour dans l’asile / Love in the asylum (30/12/2021)
« Reste immobile, dors dans l’accalmie... » / « Lie still, sleep becalmed... » (31/12/2022)
« N’entre pas sans violence... » / « Do not go gentle... » (31/12/2023)
Sur la colline de Sir John / Over Sir John's hill (31/12/2024)
The force that through the green fuse drives the flower
Drives my green age; that blasts the roots of trees
Is my destroyer.
And I am dumb to tell the crooked rose
My youth is bent by the same wintry fever.
The force that drives the water through the rocks
Drives my red blood; that dries the mouthing streams
Turns mine to wax.
And I am dumb to mouth unto my veins
How at the mountain spring the same mouth sucks.
The hand that whirls the water in the pool
Stirs the quicksand; that ropes the blowing wind
Hauls my shroud sail.
And I am dumb to tell the hanging man
How of my clay is made the hangman's lime.
The lips of time leech to the fountain head;
Love drips and gathers, but the fallen blood
Shall calm her sores.
And I am dumb to tell a weather's wind
How time has ticked a heaven round the stars.
And I am dumb to tell the lover's tomb
How at my sheet goes the same crooked worm.
18 Poems
Parton Bookshop, London, 1934
Poème précédent en anglais :
Allen Ginsberg : Transcription de musique d’orgue / Transcription of organ music (25/10/2019)
Poème suivant en anglais :
Whalt Whitman : Calamus (28/01/2020)