Eugenio Montale (1896 – 1981) : La bourrasque / La bufera
La bourrasque
La bourrasque qui fait ruissellement aux feuilles
Dures du magnolier les longs coups de tonnerre
Printanier et la grêle,
(Les sons cristallins dans ton lit nocturne
Te surprennent, d’un or
Qui s’éteignit aux acajous, aux tranches des reliures,
Il brûle un grain de sucre encor
aux coquilles de tes paupières)
Et l’éclair qui blancheur
Confit arbres et murs et les surprend en leur
Eternité d’instant – et le marbre et la manne
Et la destruction – ce que gravé en toi
Tu portes pour ta peine et qui te tient liée
Plus que l’amour à moi, ô mon étrange sœur, -
Et puis le rude éclatement ! et puis les sistres !
Le tremblement
Des tambourins sur une fosse accapareuse,
Piétinement du fandango, et par-dessus
Quelque mouvement qui tâtonne...
Comme
Quand tu te retournas et des mains, dégageas
Ton front de la nuée de tes cheveux,
Et tu me saluas – pour entrer dans le noir.
Traduit de l’italien par Pierre Jean Jouve
In, «Eugenio Montale, tradotto da Pierre Jean Jouve »
Scheiwiller-All'insegna del pesce d'oro, Milano, 1964
Du même auteur :
« A midi faire halte …/ « Merrigiare pallido… » (10/05/2016)
Bateaux sur la Marne / Bache sulla Marna (14/08/2020)
Correspondances (08/02/2021)
Le penser du prisonnier / Il sogno del prigionero (14/08/2021)
« Ne t’abrite pas à l’ombre... » / « Non rifugiarti nell'ombra... » 08/02/2022)
Midi / « Gloria del disteso mezzogiorno... » (14/08/2022)
« Côtes de Ligurie... » / « Riviere... » (08/02/2023)
« Ne nous demande pas le verbe... » / « Non chiederci la parola... » (13/08/2023)
Quatre poèmes / Quattro poesie (08/02/2024)
Sarcophage / Sarcofaghi (14/08/2024)
La bufera
La bufera che sgronda sulle foglie
dure della magnolia i lunghi tuoni
marzolini e la grandine,
(i suoni di cristallo nel tuo nido
notturno ti sorprendono, dell'oro
che s'è spento sui mogani, sul taglio
dei libri rilegati, brucia ancora
una grana di zucchero nel guscio
delle tue palpebre)
il lampo che candisce
alberi e muro e li sorprende in quella
eternità d'istante – marmo manna
e distruzione – ch'entro te scolpita
porti per tua condanna e che ti lega
più che l'amore a me, strana sorella, –
e poi lo schianto rude, i sistri, il fremere
dei tamburelli sulla fossa fuia,
lo scalpicciare del fandango, e sopra
qualche gesto che annaspa…
Come quando
ti rivolgesti e con la mano, sgombra
la fronte dalla nube dei capelli,
mi salutasti – per entrar nel buio.
La Bufera e altro
Neri Pozza Editore, Vicenza (Italia), 1956
Poème précédent en italien :
Giuseppe Ungaretti : J’ai tout perdu / Tutto ho perduto (13/05/2019)
Poème précédent en italien :
Dino Campana : Poésie facie / Poesia facile (20/08/2019)