André Markowicz (1960 -) : Trois aubes
Trois aubes
I. Chanson
Tissus de l’amour-dieu
la « feuille jaunissante »
et l’élan vers
le rien au jour le jour,
et le grand ire au cœur
de la grièche
et la peau grivelée
de nos soucis
de l’un
pour l’autre sous
la canicule, j’ai
fermé les yeux
pour vous, dès lors
dans notre enceinte,
il dit il ne dit pas, et si
j’épouse la
respiration de ce sommeil, si je
me love dans son cercle,
il est
notre reconnaissance à nous
pour l’âge même.
repris 24 août 16
II
Autre chanson
et si
de ce matin troisième
la douceur angevine
ou peu s’en faut,
si, comme je respire
en pente douce
avant
l’accablement du jour,
après
l’oubli, la nuit, de cette errance vers
une fenêtre qui se dérobait
trois fois de suite,
ou juste un chien jappait, de plus
en plus, sans doute
épuisé, la
craie sur l’ardoise noire
en guise de
pendule, si,
maintenant, je vous berce dans
ce souffle, les
yeux se referment, seule au monde.
27août 16
III
Comme à l’issue d’un vaste
effort, d’une, comme on dirait
récalcitrance,
obstinée, frénétique
à se laisser
dissoudre par le bleu
de l’air inarrêtable, par
le rauque dans
sa hauteur pure, par
l’inspire-expire, ô patrimoine
exsangue, le
corps au grand jour
là, et l’ahan,
telle, plissant les yeux orange-rouge
est la minute – pas
une minute entière – sur
le dos quand la respiration
vient des épaules, les
os s’ouvrent, c’est
là que se glisse le visage.
30 août – 1er sept. 16
Revue « Babel heureuse N° 1, mars 2017 »
Gwen Catalá, éditeur, 31000 Toulouse
Du même auteur :
Trois textes d'un été (19/03/2020)
« Laisse ton adresse... » (19/03/2021)
« Une chute lente... » (18/03/2022)
« Un sommeil haché... » (19/03/2023)
« Car le visage est... » (19/03/2024)