David-Herbert Lawrence (1885 – 1930) : Les secrètes eaux / The secret waters
Les secrètes eaux
Ce qui était perdu est retrouvé
ce qui fut blessé est sauvé,
la clé de la vie au corps des hommes
ouvre à nouveau les fontaines de paix.
Les fontaines de paix, les fontaines de paix
montent à doux flot vers un plus haut niveau
bouillonnant cependant sous le mur épais
de cette maison de vie qui nous enclôt.
Elles bouillonnent sous le mur épais
qui fut jadis une maison, mais maintenant est une prison,
et pas un seul d’entre nous ne sait
que les eaux ont monté.
Nul de nous ne sait, ah, nul de nous ne sait
élevant son flot la montée de la paix
en secret sous le mur malade
de la prison qui nous enclôt.
Et nous ne saurons pas, nous ne saurons pas
avant que ne débordent les secrètes eaux
et ne descellent briques et ciment ferme
des murs où notre vie s’enferme.
Avant que les murs descellés ne se fendent,
béants, et que la maison ne descende
en ruine sur nous, qu’un fracas salutaire
n’apporte mort à tous, aux marais de la paix.
Traduit de l’anglais par J.J. Mayoux
In, « D.H. Lawrence : Poèmes/Poems »
Editions Aubier (Collection bilingue), 1976
Du même auteur :
La nef de mort / The ship of death (10/06/2015)
Désir de printemps / Craving for spring (10/06/2016)
Ombres / Shadows (10/06/2017)
La lande sauvage / The wild common (10/06/2019)
Renaissance /Renascence (10/06/2020)
Enfant dans la discorde / Discord in childhood (10/06/2021)
Crépuscule / Twilight 10/05/2022)
The secret waters
What was lost is found
what was wounded is sound.
The key of life on the bodies on men
unlocks the fountains of peace again.
The fountains of peace, the fountains of peace
well softly up for a new increase
but they bubble under the heavy wall
of this house of life that encloses us all.
They bubble under the heavy wall
that was once a house, and is now a prison,
and never a one among us all
knows that the waters have risen.
None of us knows, O none of us knows
the welling of peace when it rises and flows
in secret under the sickening wall
of the prison house that encloses us all.
And we shall not know, we shall not know
till the secret waters overflow
and loosen the brick and the art cement
of the walls within which our lives are spent.
Till the walls begin to loosen and crack,
to gape, and our house is going to wrack
and ruin above us, and the crash of release
is death to us all, in the marshes of peace.
The Complete Poems of D. H Lawrence
Heineman, 1964
Poème précédent en anglais :
Jack Kerouac : Mexico City Blues (21ème – 30ème Chorus / 21sd 30th Chorus) (26/03/2018)
Poème suivant en anglais :
Emily JaneBrontë: « Autour de moi des tombes grises... / « I see around me tombstones grey…” (01/07/2018)