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Le bar à poèmes
13 mars 2015

Alexandre Sergueïevitch Pouchkine / Александр Сергеевич Пушкин (1799-1837) : « L’astre du jour éteint sa flamme rougeoyante… »

medium[1]

L’astre du jour éteint sa flamme rougeoyante,

La mer s’est assombrie sous un brouillard naissant.

          Frémis, frémis, voilure obéissante,

Bouillonne autour de moi, ténébreux océan.

                    Je vois la rive encor lointaine,

Le règne merveilleux des terres du Midi,

J’y vole, bouillonnant, et je reste interdit,

                    Et les instants passés reviennent.

Je sens dans mon regard les larmes s’allumer,

                    L’âme se fige et se consume,

Mon amour révolu, je sens qu’il se rallume

Et je revois ce rêve absurde et bien-aimé,

Tout ce dont j’ai souffert, tout ce qui me tourmente,

L’espoir et le désir, le mensonge enivrant…

          Frémis, frémis, voilure obéissante,

Bouillonne autour de moi, ténébreux océan.

Emmène-moi,  vaisseau, vers de lointains rivages,

Que tes courants mauvais m’emmènent vers de lointains rivages,

                    Mais loin des tristes paysages

                    De ces pays aux longs brouillards

                    Ou brusquement je vis sans fard

                    L’amour brûlant et les tempêtes,

Où me sourit un jour une Muse secrète,

                    Pays où je fus jeune en vain

                    Dans une agitation stérile,

Où la joie d’un instant se révéla futile,

Et le cœur endurci se referma soudain.

                     Cherchant des impressions nouvelles,

          J’ai fui au loin, foyers de mon pays,

          J’ai fui au loin, joyeux et faux rebelles,

De jeunesse éphémère éphémères amis,

Et vous qui partagiez mes errances charnelles,

Vous à qui froidement j’immolais tour à tour

La liberté, la paix, et la gloire et l’amour,

Vous êtes oubliées… Mais quel apaisement

Pour cet amour blessé, pour cette plaie béante ?...

          Frémis, frémis, voilure obéissante,

Bouillonne autour de moi, ténébreux océan,

                                                                           1820

 

Traduit du russe par André Markowicz

In, André Markowicz : « Le soleil d’Alexandre, le cercle de Pouchkine »

Editions Actes Sud, 2011

Du même auteur :

Elégie(12/03/2016)

« Tel l’enfant animé d’un pouvoir enchanteur… (03/03/2017)

« Lorsque j’erre, songeur… » (03/03/2018)

« Tout mais ne pas devenir fou ... » (03/03/2019)

Conversation entre le libraire et le poète / РАЗГОВОР КНИГОПРОДАВЦА С ПОЭТОМ (03/03/2020)

 Quand j’ai, parfois, dans le silence... » (03/03/2021) 

A Tchaadaïev / Чаадаеву (03/03/2022)

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