Nimrod (1959 -) : Le lieu du poème
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Nimrod Bena Djangrang, poète, essayiste et romancier. Photo : Murielle Szac/Ed. B. Doucey
Le lieu du poème
Je connais le lieu du poème, ma gorge.
Je ne connais qu’elle. Un fanal précieux la soutient.
Pierre poreuse, pierre ponce, tessons...
Je ne compte plus mes nuits de veille.
J’ai tendu l’oreille, ai tari la source des échos.
Férie de la brûlure, étincelle d’amour...
J’ai mis ma voix en veilleuse. Je ne sais qui jure
En moi, ni pourquoi. Ce qu’il me veut,
C’est comme le retour de flamme d’une passion défunte.
Je suis le gardien des émotions rocheuses.
J’entends leur reflux, j’entends leur remontée
Douloureuse ; les voici, ma gorge prophétise...
Je n’ai plus de corps, une pierre en tient lieu,
Lumineuse d’espace.
Je suis le nu du commencement. Sous l’arche des vents
Se déploie le soleil, empire du souverain calme.
Alors une fêlure se fait jour, l’absolu. Il règne.
Le soleil est beau, qui ne se couchera jamais plus.
En saison
Editions Obsidiane, 2004