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Le bar à poèmes
16 juin 2025

Maximilian Volochine / Максимилиа́н Алекса́ндрович Кирие́нко-Воло́шин (1877- 1932) Navigation


 

 

 

Comme des toiles blanches et, plus loin,


Dans les rets des cordages, l’horizon désert.


Clapotement de la vague fendue,


Grincements secs des mâts,


Murmures sous la poupe


Et la voile – immobile...

 

 

Dans notre dos, la ville


Dans la frénésie rouge


De ses drapeaux qui claquent sous le vent,


Tout enfiévrée de peurs et de colères,


La torpeur des rumeurs, le frisson des attentes,


Rongée par la famine, les épidémies, le sang,


Où le printemps tardif glisse en cachette


Par les dentelles transparentes des acacias et des fleurs.

 

 

Ici, la mer, sans vent, sans bruit, sans fond...


Le ciel et l’eau comme deux valves


D’une seule huître perlière.


Le seul figé dans une toile de rayons.


Le bateau flotte dans le halo terne et vaporeux


Des nuages légers.

 

 

Mais voilà le rivage de ta terre, 


Terre d’absinthe, assoiffée, rocailleuse,


Epuisée d’être au croisement des peuples.

 

 

Je te placerai là, en témoin des folies,


Je te ferai passer sur le fil de la lame


A travers les brasiers d’une guerre


Fratricide, inutile, sans issue


Pour que tu sois porteur du grand silence


De la mer miroitante au crépuscule.

 

 

12 juin 1919,


Koktébel

 

 

 

Traduit du russe par André Markowicz, 


In, Marina Tsvétaïeva et Maximilian Volochine : « De vie à vie »


Editions Mesures, 2023

 

 

Du même auteur : L’Apprenti (16/06/2024)

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