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Le bar à poèmes
11 juin 2025

Jacopo Sannazaro (1456 – 1530) : « Icare chut ici... » / « Icaro cadde qui... »

 

 

 

Icare chut ici : ces flots le savent bien


Qui pourront recevoir ses ailes audacieuses ;


Ici l’essor prit fin, ici la chute eut lieu


Dont seront envieux les hommes du futur.

 

 

Echec assurément heureux et agréable, 


Dès lors que par sa mort il eut la gloire éternelle.


Bienheureux celui-là dont la fatale issue


Compense le dommage et lui donne l’éclat !

 

 

Il peut se réjouir de sa chute, cet homme


Qui volant dans les airs, pareil à la colombe,


Fut frappé par la mort pour avoir trop osé.

 

 

Voilà que désormais toute une mer immense


Retentit de son nom ; fût-il jamais un homme


Qui méritât au monde une tombe aussi grande ?

 

 

 


Traduit de l’italien par Sicca Venier


in, « Poètes d’Italie, Anthologie »


Editions de La Table Ronde, 1999

 

 

Icare ici tomba : cette onde le sait bien


Qui reçut en son sein l’audacieux plumage ;


Ici finit sa course, advint sa grande chute,


Dont seront envieux tous ceux qui le suivront.

 

 

Ô tourment fortuné et des plus désirables,


Puisqu’il eut en mourant une éternelle gloire !


Heureux qui par sa mort connut un destin tel


Qu’un si beau prix compense à jamais son dommage !

 

 

De sa ruine il peut bien être satisfait


Lui qui volant au ciel, pareil à la colombe,


Pour avoir osé trop perdit l’âme et la vie ;

 

 

En entier aujourd’hui résonne de son nom


L’espace d’une mer, et tout un élément !


Qui jamais dans ce monde eut aussi vaste tombeau ?

 

 

 

Traduit de l’italien par Danielle Boilllet


In, « Anthologie bilingue de la poésie italienne »


Editions Gallimard (Pléiade), 1994 

 

 

 

Icaro cadde qui : queste onde il sanno,


Che in grembo accolser quelle audaci penne:


Qui finì il corso, e qui il gran caso avvenne,


Che darà invidia agli altri che verranno.

 

 

Avventuroso e ben gradito affanno,


Poi che morendo eterna fama ottenne !


Felice chi in tal fato a morte venne,


C’un sì bel pregio ricompensi il danno !

 

 

Ben pò di sua ruina esser contento,


Se al ciel volando a guisa di colomba,


Per troppo ardir fu esanimato e spento ; 

 

 

Et or del nome suo tutto rimbomba


Un mar si spazïoso, un elemento !


Chi ebbe sì mondo mai si larga tomba?

 

 

 


Sonetti e canzoni, 1530 


Poème précédent en italien :


Cesare Pavese: Travailler fatigue / Lavorare stanca (18/04//2025)
 

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