Garcilaso de La Vega (1501 – 1536) : « Belles nymphes... » / « Hermosas ninfas... »
Portrait présumé de Garcilaso de la Vega, par Jacopo Carucci Pontormo
Belles nymphes au fond du fleuve clair,
vous qui vivez en joie dans vos demeures
de pierre étincelant dans leur splendeur
et dans l’éclat des colonnes de verre,
vous qui tissiez vos étoffes légères,
que vous soyez prises par vos labeurs
ou qu’à l’écart vous devisiez en sœurs
de vos amours et vos vies singulières,
laissez tout et levez vos têtes blondes,
juste un instant, voyez-moi, regardez,
il ne faudra qu’à peine une seconde :
vous serez trop émues pour m’écouter
et moi, par temps de pleurs changé en onde,
vous pourrez doucement me consoler.
Traduit de l’espagnol par Françoise Morvan
In, Françoise Morvan : « Clair soleil des esprits »
Editions Mesure, 2025
Hermosas ninfas, que en el río metidas,
contentas habitáis en las moradas
de relucientes piedras fabricadas
y en columnas de vidrio sostenidas,
agora estéis labrando embebecidas
o tejiendo las telas delicadas,
agora unas con otras apartadas
contándoos los amores y las vidas:
dejad un rato la labor, alzando
vuestras rubias cabezas a mirarme,
y no os detendréis mucho según ando,
que o no podréis de lástima escucharme,
o convertido en agua aquí llorando,
podréis allá despacio consolarme.
Poème précédent en espagnol :
Óscar Arturo Hahn : Corps présent / Cuerpo presente (29/05/2025)