Jean-Baptiste de Drégorzy (19 ? -) : Un voyage d’hiver (rêverie-caprice)
Matin noir
Un ciel bleu pâle
Palissant encore
Un morceau de lune transparente
Et rongée sur un bord
Tout à la pointe des arbres
Atteste que vers l’est
Le soleil s’est levé
Mais au creux du vallon
On n’entend pas un oiseau
Les herbes sombres
Sont noyées d’un bain
De mort étrange
Et mes pieds
Sont pris du même vertige glacial
A force de se hausser
Pour voir au-delà
Ce qu’il y a
Si tout se passe normalement
Le versant des collines
S’éclaire chaudement
Oui
Et même on perçoit
Chaque tronc d’arbre
Tisser une bande lumineuse
Comment
Comment se fait-il
Qu’en moi tout reste noir
Assis au centre de fleurs pâles et humides
Et de feuilles de chênes
Craquantes aux sautillements des corbeaux.
Un voyage d’hiver (rêverie-caprice)
L’Arbre, N°3, automne 1972
02460, Saint-Quentin-sur-Allan