Đoàn Thị Điểm / 段氏點 (1705 – 1748) : Complainte d’une femme de guerrier
Complainte d’une femme de guerrier
Sous le pont, l’eau coule limpide comme filtrée,
Près du pont, la route est recouverte d’herbe tendre,
Le cœur serré, je t’accompagne, ô mon Epoux, mon amour...
Je suis malheureuse de n’être pas le cheval qui te porte, la barque qui t’emporte !
L’eau coule, mais l’eau ne lave pas ma tristesse ;
L’herbe est parfumée, mais le parfum de l’herbe ne guérit pas ma peine.
Tandis que le tambour résonne, le désespoir comme la mer monte en mon cœur.
Adieu, adieu mon époux, mon amour ! Mes lèvres murmurent : « Adieu !» mais
ma main ne quitte pas ta main.
Je marche avec toi et mes pieds ne veulent pas se déplacer.
Pour te suivre, pour bercer ton sommeil, je voudrais être la brise du soir qui
chante à travers les feuillages.
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Tu étais parti quand les boutons naissaient sur les branches des abricotiers,
Aujourd’hui les pêchers sont en fleur,
La bise et la neige sont revenues,
Toi seul, ô mon amour, n’est pas de retour !
Tu étais parti quand les loriots ne chantaient pas sur les branches,
Maintenant le loriot et la perdrix, de concert, chantent sur les toits,
Et toi, mon amour, tu n’es pas de retour !
Au rendez-vous du Long-Tay, je me suis rendue,
Vainement, vainement, je t’attends ! Aucune ombre de toi ne m’apparaît !
De leurs branches, les feuilles tombent, tombent sans arrêt !
La bise glaciale traverse ma robe glaciale,
Les lettres arrivent, mais toi, mon époux, mon amour, tu n’arrives pas !
Lasses de t’attendre, les fleurs s’évanouissent, et leurs pétales jonchent le sol
et recouvrent la mousse,
Chaque pas dans la cour résonne comme un sanglot dans mon cœur meurtri !
Les lettres arrivent, mais toi, mon Epoux, mon Amour... tu n’arrives pas !
Maintes fois, le soleil passe et repasse à travers le store...
Qu’as-tu fait, ô mon amour, de tes promesses ?
Traduit du vietnamien par Trang Van Tung,
In « Poésies d’Extrême – Orient »
Editions Grasset, 1945