Hagiwara Sakutarô (1886 – 1942) : Hérédité
Hérédité
La maison affalée sur le sol
Somnole à la manière d’une grosse araignée.
Dans la nature obscure et morne
Les animaux tremblent d’effroi
Et menacés par quelques rêves affreux
Blêmissant tristement ne cessent de hurler !
«Nooaaru tooaaru yawaa !
Les feuilles de maïs décoiffées par le vent
Frémissantes dans les ténèbres bruissent
Ecoute ! Retiens ton souffle !
Des hurlements de l’autre côté de la route
Ce sont des chiens au loin qui hurlent
«Nooaaru tooaaru yawaa !
« Dis maman, les chiens, ils sont malades ? »
« Non mon enfant
Les chiens sont affamés. »
Lueurs incertaines du ciel dans le lointain
Reflets d’objets qui tremblent
De là les chiens observent leurs ennemis
Aux confins d’une mémoire séculaire mémoire de l’hérédité mémoire de l’instinct
On devine la trace pitoyable des ancêtres.
Le cœur des chiens blêmissant d’effroi
Hurle interminablement sur une route de nuit noire
«Nooaaru tooaaru Nooaar yawaa !
« Dis maman, les chiens, ils sont malades ? »
« Non mon enfant
Les chiens sont affamés. »
Traduit du japonais par Dominique. Palmé
Courrier international d’études poétiques. N° 183 – 184
Bruxelles (Belgque)