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Le bar à poèmes
3 décembre 2024

Sylvia Plath (1932 – 1963) : Coquelicots... / Poppies...

 

Coquelicots en juillet

 

Petits coquelicots, petites flammes d'enfer,

N e faites-vous point de mal ?

Vous vacillez. Je ne puis vous toucher.

Je mets mes mains parmi les flammes. Rien ne brûle.

Et cela m’épuise de vous regarder

Vacillant ainsi, ridés et rouge clair, comme la peau d’une bouche.

Une bouche juste en sang.

Bon sang de petites jupes !

Il est des vapeurs que je ne puis toucher.

Où sont vos opiacés, vos capsules nauséeuses ?

Si je pouvais saigner, ou dormir ! —

Si ma bouche pouvait épouser pareille blessure !

Ou vos liqueurs s’infiltrer en moi, dans cette capsule de verre,

Devenant monotone et immobile.

Mais incolore. Incolore.

                                                                                                              20 juillet 1962

 

Coquelicots en octobre

 

Même les nuages de soleil ce matin ne peuvent tenir pareilles jupes.

Ni la femme dans l’ambulance

Dont le cœur rouge s’épanouit à travers son manteau, abasourdi —

U  don, un don d’amour

Absolument offert

Par un ciel

Pâle et enflammé

Allumant ses monoxydes de carbone, par des yeux

Vitreux, pétrifiés sous des chapeaux melons.

Ô mon Dieu, que suis-je

Que ces bouches tardives s’écrient ouvertes

Dans une forêt de gel, dans une aube de bleuets.

                                                                                                              27 octobre 1962

 

 

Traduit de l’américain par Jacqueline Royer-Hearn

In, Revue « Poésie « N° 57 »

Editions Belin, 1991

De la même autrice :

L’agneau de Marie / Mary’s Song (11/10/2015)  

Lettre d’amour / Love letter (11/10/2016)

Berck plage / Berck-plage (11/10/17)

Wuthering Heights(11/10/2018)

Traversée / Crossing the water (03/12/2023)

 

 

Poppies in july

 

Little poppies, little bell flames,

Do you do no harm?

You flicker. I cannot touch you.

I put my hands among the flames. Nothing burns.

And it exhausts me to watch you

Flickering like that, wrinkly and clear red, like the skin of a mouth.

A mouth just bloodied.

Little bloody skirts !

There are fumes that I cannot touch.

Where are your opiates, your nauseous capsules ?

If I could bleed, or sleep ! —

If my mouth could marry a hurt like that !

Or your liquors seep to me, in this glass capsule,

Dulling and stilling.

But colorless. Colorless.

 

Poppies in october

 

Even the sun-clouds this morning cannot manage such skirts.

Nor the woman in the ambulance

Whose red heart blooms through her coat so astoundingly —

A gift, a love gift

Utterly unasked for

By a sky

Palely and flamily

Igniting its carbon monoxides, by eyes

Dulled to a halt under bowlers.

O my God, what am I

That these late mouths should cry open

In a forest of frost, in a dawn of cornflowers.

 

 

The Collected Poems.

Harper & Row, New-York,1981

Poème précédent en anglais :

Richard Murphy : High Island 16/11/2024)

Poème suivant en anglais :

Louise Glück : Minuit / Midnight (06/12/2024)

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