Antonia Pozzi (1912 – 1938) : Légère offrande / Lieve offerta
Légère offrande
Je voudrais que mon âme te fût
légère
comme les extrêmes feuilles
des peupliers qui s’embrasent de soleil
à la cime des troncs emmaillottés
de brume.
Je voudrais que mes paroles te conduisent
le long d’une allée déserte, marquée
de fines ombres
jusqu’à une vallée herbeuse, toute de silence,
vers le lac
où tintent les roseaux
au moindre souffle d’air,
où les libellules folâtrent
à la surface de l’eau.
Je voudrais que mon âme te fût
légère
que ma poésie te fût passerelle
subtile, stable,
lumineuse
au-dessus des gouffres obscurs de la terre.
Traduit de l’italien par Geneviève Burckhardt
In, « Italie poétique contemporaine »
Editions du Dauphin, 1968
Lieve offerta
Vorrei che la mia anima ti fosse
leggera
come la estreme foglie
dei pioppi, che s’accendono di sole
in cima ai tronchi fasciati
di nebbia.
Vorrei condurti con le mie parole
per un deserto viale, segnato
d’esili ombre –
fino a una valle d’erboso silenzio,
al lago –
ove tinnisce per un fiato d’aria
il canneto
e le libellule si trastullano
con l’acqua non profonda.
Vorrei che la mia anima ti fosse
leggera
che la mia poesia ti fosse un ponte,
sottile e saldo,
bianco –
sulle oscure voragini della terra
Parole
Mondadori editore, Milano, 1948
Poème précédent en italien :
François Pétrarque / Francesco Petrarca : « Comme un pauvre vieillard... / Movesi il vecchierel... » (19/10/2024)